« Polythéiste, bien sûr, je prie le dieu de l’étonnement
de ne pas me déserter, le dieu des oiseaux de ne pas me priver d’ailes, les
dieux des eaux de me garder leur fraîcheur […]
Claude Roy, La fleur du temps, 1983-1987, Gallimard
1988, p. 177
Envie de « varier » sur cette prière : je prie le dieu de l’émerveillement de ne pas éteindre mon regard, le dieu des papillons de m’empêcher de me poser trop longtemps, le dieu des cigales de m’inciter à plus de fantaisie et les mille petits dieux lovés dans les mots de ne pas cesser de construire, fabriquer, assembler, démolir, rebâtir, miner, saboter, édifier d’improbables édifices où je puisse me promener, me réfugier, me cacher, m’oublier.
Mais ce soir je prie surtout les dieux des eaux d’épargner les hommes, de ne
pas les noyer, les balayer, de ne pas les transformer en fétus ; mais aussi de ne
pas les assoiffer, de ne pas les contaminer.
De les oublier et de ne pas les
oublier.
©florence trocmé
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