Toujours à désespérer de si peu connaître le nom de choses.
Avoir des mots pour des concepts à foison et si peu de noms de plantes, d’insectes,
de roches dans ma besace : « Les Eskimos, disent les eskimologues,
possèdent un grand nombre de noms pour la neige.
Il y a le mot qui désigne la neige-de-printemps-juste-tombée, la neige-tassée-par-le-blizzard,
la neige-de-grand-hiver-gelée-avant-de-toucher-le-sol. Mais nous, quand nous
disons herbe, c’est vraiment peu, c’est sec, c’est générique, abstrait. Couché
dans l’herbe, je sais bien que chaque brin d’herbe est différent. La fétuque
des prés, ses fines feuilles en arêtes de poisson, ne ressemble pas à la
flouve parfumée, avec ses petits épis ni le dactyle bleuté à la houlque laineuse, ni la
jaunâtre crételle à l’agrostis
commun sans parler du vulpin des prés, du lotier, de la minette, etc. »
Claude Roy, La fleur du temps, 1983-1987, Gallimard,
1988, p. 209.
Si j’aime tant la botanique
De façon si/trop platonique
c’est pour les mots
pour les photos
mâcher les noms de fleurs, d’herbes
et me glisser via l’objectif
dans tous les replis cachés, les corolles,
sous les sépales et le long des pétales.
©florence trocmé
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