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En complément de ma note du 23 janvier dans ce flotoir, j’ai écrit à TF1* pour avoir l’adresse du site internet de cette jeune fille qui a entrepris la tâche d’écrire jour après jour les nombres de un à six millions en mémoire des juifs exterminés par les nazis.
La jeune fille s’appelle Fanny Aboulker. Elle m’a autorisée à reproduire une de ses impressionnantes feuilles de nombres, dont on peut voir de nombreux autres exemples sur son site. On peut aussi l’entendre lire le texte qui commence ainsi….
« Ce travail terminé, les nombres de 0 à 6 millions
seront écrits sur des feuilles de papier qui tapisseront les murs d'une pièce.
6 millions pour le nombre de juifs tués pendant la seconde guerre mondiale, ou,
du moins le nombre retenu par l'Histoire. Les statistiques vont de 5.1 à 6
millions, un nombre arrondi au million près tellement il est grand. En écrivant
1500 nombres par jour, j'aurai fini le 7 février 2010. Plus de 11 ans pour
écrire le nombre de personnes tuées sur une période d'environ 4 ans... »
©FT
*des amis m’ont dit qu’elle avait également présenté son travail hier soir 27 janvier 2005, vers 20 heures sur la chaîne Arte.
Rédigé par Florence Trocmé le 28 janvier 2005 à 18h45 | Lien permanent | Commentaires (1)
Rédigé par Florence Trocmé le 27 janvier 2005 à 12h00 | Lien permanent | Commentaires (1)
En discutant avec mon jeune ami C. B, j’ai appris de lui que selon Claudel le poème était à la fois objet graphique, objet phonique et objet sémantique. Je trouve cette classification extrêmement éclairante et elle servira sûrement amplement la grande lectrice de poésie que je suis, qui tente parfois d’écrire aussi sur ce qu’elle lit (et on sait à quel point c’est une critique difficile que la critique de poésie !).
Ecouté
aussi l’entretien de Claude Vigée avec Alain Veinstein dans une récente émission
Du jour au lendemain. Claude Vigée évoquait en particulier, de façon
vivante et même drôle, une de ses
rencontres, aux Etats-Unis avec Alexis Léger, alias Saint John Perse, lequel
discutait avec lui sur le thème de l’ode et vitupérait contre Paul Valéry.
J’aime imaginer ces scènes de rencontre entre de grands artistes et j’ai ainsi
souvent rêvé de Paul Valéry devisant à deux pas de mon ancien appartement avec
Berthe Morisot ! J’imagine d’ailleurs à l’instant (la mettrais-je en œuvre ?),
une série pour Poezibao, intitulée
Rencontres et qui évoquerait ces grandes rencontres.
©FT
Rédigé par Florence Trocmé le 27 janvier 2005 à 11h57 | Lien permanent | Commentaires (1)
À propos de l’emploi du je : « ses chatoiements semblent refléter la volonté de l’auteur, illustrée par le signe d’appartenance qui titre le premier recueil : appartenir au monde, à travers soi, et en se réfractant dans de multiples figures d’altérité » (V. Montétout, Jacques Roubaud : l’amour du nombre, Presses universitaires du Septentrion, p. 290)
Deux
remarques :
1. Je suis
sûre que Roubaud doit être fasciné par les fractales
2. Ce qui
est énoncé correspond exactement à mon propre désir, à mon dessein peut-être. A
la fois individualité, partie prenante et canal comme le vaisseau sanguin qui
est mien avec sa signature génétique et sa singularité irréductible, mais
qui est en même commun à l’espèce (animale !) et qui enfin est canal, lieu de passage, d’écoulement, de transfert, de flux, de filtration, sang
un, cent voix…pourrait dire Roubaud.
Et en
lisant ce même livre, cette note encore :
La notion de réseau (j’allais écrire de Résaud !) à
l’intérieur de l’œuvre de Roubaud, les échos, les courants souterrains, qui se
rejoignent, les racines qui s’enchevêtrent, racines des différents œuvres qui
finissent ainsi par témoigner de la profonde unité du tout. « L’écriture
de Roubaud obéit à un fonctionnement rhizomatique ouvertement assumé : les
racines des différentes œuvres s’entrelacent, s’appuient les unes sur les
autres et finissent par former un écheveau indémêlable. Au fur et à mesure que
le poète s’enfonce dans l’écriture, l’oeuvre se transforme de plus en plus en
méditation sur l’acte d’écrire. Celui-ci est mis en scène, en abyme, repris et
réfracté par des textes qui, indépendamment de leur nature poétique ou
prosaïque, se renvoient des images symétriques » (279).
©Florence
Trocmé
Rédigé par Florence Trocmé le 25 janvier 2005 à 13h25 | Lien permanent | Commentaires (0)
chemins d’eau, chemins do (ut, pour que….)
chemins d’O
chemins non déclifs pente de
l’infusion serpent liquide transparent
fuse la couleur irradie bifurque
diffusent rouge jaune pénétration
lente subtile en allianceenalliages
fondent s’enfondent s’enfoncent
tectonique des teintes l’une sous
l’autre glissant imperceptiblement
déflagre
explosante fixe apparition disparaissante
inclusion lointaine pulsion
de la menthe du vitrail.
©Florence Trocmé
Rédigé par Florence Trocmé le 25 janvier 2005 à 13h15 | Lien permanent | Commentaires (0)
Métro, 10h19
Manteau rouge fourrure rouge col et manches à longs poils écharpe rayée bariolée rose orange rouge (du Lacroix raté), pantalon noir, jambes croisées, cheveux légèrement frisés, une mèche dans le visage, jeune 25 ans sans doute.
Lit La Bête qui meurt de Philip Roth dont elle a retiré la couverture (un corps de femme, seins nus, très beau, dont les couleurs sont les mêmes que celle du manteau de la lectrice, auraient pu être en harmonie).
Et ce retrait de la couverture
colorée devient l’écho symbolique de la disparition de la jeune femme dans le
livre de Roth (la lectrice est à la fin du livre et je me souviens…. de cette
scène terrible que j’évoque, de façon voilée, dans ma
note de lecture
La Bête qui meurt descend à la
Motte Picquet.
©Florence Trocmé
Rédigé par Florence Trocmé le 25 janvier 2005 à 12h27 | Lien permanent | Commentaires (0)
J’ai été profondément touchée hier soir lors des nouvelles sur TF1 par un reportage sur une toute jeune fille, vingt ans sans doute, qui a entrepris depuis quelques années d’écrire un à un les chiffres de 1 à 6 000 000 en mémoire des juifs massacrés par les nazis. En hommage aussi à sa grand-mère, rescapée des camps, une Mme Kantor qui était présente auprès d’elle lors du reportage. La jeune fille écrit environ 1000 chiffres chaque jour, impeccablement, à l’encre bleue, bleu dont la grand mère a rappelé que c’était la couleur utilisée le plus souvent pour le tatouage du numéro sur la peau des déportés. A propos de son entreprise, la jeune juive dit qu’elle écrit comme une « méditation et une prière ».
Et tant d’échos à cette histoire : aujourd’hui, de nouveau à la télévision, le mur des noms qui vient d’être dévoilé dans le IVe arrondissement de Paris et où sont gravés les noms des 76 000 juifs déportés de France
Et puis hier, cette lecture dans le livre de Véronique Montémont sur Jacques Roubaud. A propos de ses collaborations avec des artistes. Elle cite plusieurs expériences qui ont trait précisément aux nombres. Roubaud co-auteur d’un ouvrage consacré à Roman Opalka qui « s’est lancé dans une entreprise titanesque, intitulée Détails, qui consiste à peindre les nombres : il a commencé avec le 1 et sa progression, potentiellement infinie, sera interrompue selon lui entre 7 777 777 et 8 888 888, par la mort. (La jeune fille juive pense qu’elle aura achevé sa tâche aux environs de 2017). Le peintre par ailleurs « ajoute à sa peinture, à l’origine noire, puis grise, 1 % de la teinte du tableau précédent, pour aller vers un blanc sur blanc ». De cette entreprise qui le fascine Roubaud a dit qu’elle était « à la fois insensée et superbe » (p. 100). Véronique Montemont parle d’une autre tentative « qui a fasciné le poète, celle d’On Kawara qui commence en 1966 à vouloir développer en peinture la notion d’écoulement du temps ». En peignant, chaque jour, la date (p. 101 in Véronique Montémont, Jacques Roubaud : l’amour du nombre).
À propos de
la jeune fille aux nombres, le journaliste de TF1 a signalé qu’elle avait créé
un site Internet que je n’ai à cette heure pas réussi à trouver.
©Florence
Trocmé
Rédigé par Florence Trocmé le 23 janvier 2005 à 13h46 | Lien permanent | Commentaires (2)
Je ne suis pas écrivain, je vais écrivant
Je ne suis pas peintre, je vais dessinant
Je ne suis pas photographe, je vais m’émerveillant.
J’ai un seul tort : j’ai envie de partager avec autrui
(indifférencié et différencié !) ce que je fais.
Et puis soyons honnête, tout cela est follement amusant. S’autopublier,
je crois que j’en rêve depuis l’enfance, où la moindre petite imprimerie jouet
me fascinait…. Un blog, qu’est ce d’autre que l’accomplissement de ce rêve ?
©Florence
Trocmé
Rédigé par Florence Trocmé le 22 janvier 2005 à 09h13 | Lien permanent | Commentaires (3)