Métro, un matin de février, vers 10 heures 30.
Il monte dans la rame en se retournant de toute sa hauteur
sur un être étrange, une jeune femme sans doute coréenne, hirsute et blafarde.
Qu’il fixe. Lui-même a quelque chose d’impressionnant. Il est immense et
squelettique (autrefois, on aurait pensé à son propos à un malade du sida,
peut-être a-t-on tort de croire que cela appartient au passé ?). Jeune encore,
beau, un peu dégarni, le bas du visage
mangé par une barbe de deux ou trois jours. Regard mi-hagard, mi-intense. Il s’assied, divisant de facto sa
hauteur par deux, sort un livre qu’il pose sur ses genoux, couverture
apparente, un vieux livre de poche, abîmé. Il prend le temps d’essuyer
longuement, méticuleusement de petites lunettes fines. Lorsque je serais
descendue, à la prochaine station, il va ouvrir la Naissance de la tragédie
de Nietzsche.
©florence
trocmé
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