Dans le Monde, daté d’aujourd’hui, un article passionnant mais inquiétant de Olivier Ertzscheid
Il y aurait en fait trois espaces mémoire distincts dans
notre vie informatique : « d'un côté le Web public, de l'autre le Web
privé (courriels, forums, listes de diffusion...), enfin notre "monde
informationnel personnel", enfoui dans les mémoires de nos
ordinateurs » .
Or on voit que le principe des moteurs de recherche qui
ratissent le web public est appliqué maintenant pour indexer nos disques durs
personnels et nous aider à y retrouver dans un temps record informations et
fichiers
Ce qui se profile dit Olivier Ertzscheid c’est la
disparition pure et simple de nos disques durs, espaces encore relativement
privés et protégés au profit d’espaces de stockage délocalisés et bien entendu
accessibles aux grands manitous du secteur de l’information qui rêvent de créer
une immense base de données regroupant toutes les connaissances et richesses
culturelles du monde.
"A la fin du XIXe siècle, le bibliographe
belge Paul Otlet souhaitait réunir dans un même lieu, baptisé Mundaneum, toutes
les connaissances du monde. Aujourd'hui, les grands espaces du Web mettent
cette utopie à portée de main. La bibliothèque universelle regroupant tous les
savoirs est pour bientôt. Google, mais aussi Yahoo! s'y emploient, avec leurs
projets pharaoniques de numérisation d'ouvrages de bibliothèques publiques.
Comme viennent de le comprendre les Français, la question n'est plus de savoir
s'il faut en être ou non. Il le faut !
L'inféodation de notre culture à une vision
"américano-googléenne" du monde est, certes, une perspective
alarmante. Mais là n'est pas le danger principal. Plus que la numérisation des
livres, c'est la collecte de nos informations personnelles qui intéresse
Google, Yahoo! et MSN. Avec quelles garanties pour l'internaute ? Et quelles
perspectives pour le Web si la Toile n'est plus qu'une gigantesque base de
données répartie entre les mains de deux ou trois majors ?
Avec l'étroite interpénétration de ces trois sphères,
publique, privée et commerciale, qui décidera des espaces où s'affichera ou non
la publicité ? Comment arbitrer entre les impératifs commerciaux et les
intentions culturelles ? Selon quels critères et sous la responsabilité de qui
? La marchandisation de nos mémoires, non plus documentaires mais intimes, se
profile à l'horizon. Il vaut mieux le savoir."
Bien entendu, bien que ce ne soit pas clairement abordé dans cet article, le phénomène du blog doit être englobé dans cette réflexion.
Lire l’article du Monde (consultation gratuite de quelques jours seulement après parution)
NEIGE INCANDESCENTE / POUSSIERE D’ETOILES
L'Internet est un trou, un réseau transparent,
une pénombre, un jeu de lumières.
On navigue sur le néant, pixel d'une neige incandescente,
d'un nombre sans ombre,
du temps sans espace, dans l'espace,
tant on prend le temps...
Nous sommes les esclaves de notre clavier ergonomique
et nous sommes fiers de pouvoir ainsi survivre...
en écoutant l'un, conscient de l'autre,
dans le néant de l'infini, le nez au vent,
comme sous les auvents du temps,
de temps en temps !
Toile, poussière d’étoiles.
***
Avec toute l’amitié de
Guidu Antonietti di Cinarca
Architecte plasticien photographe
Iconographe de :
TERRES DE FEMMES
Rédigé par : Guidu | 22 avril 2005 à 15h00