Dix neuf heures quarante quatre :
ciel comme le cœur.
A l’horizon, mais loin, si loin, de la lumière, beaucoup de
lumière, fraîche, jaillissante alors même qu’elle est couchante, avec une
cohorte de délicieux nuages moutonnants comme des empressés vers un festin.
Et puis, plus près, des bandes, des strates, marasme, ni
gris ni noir, plates bandes d’attente, sans fleur d’espoir, lignes tirées,
lignes alignées, tirez à la ligne tirez sur le pianiste, cœur dévasté chagrin
tissé ligne à ligne heure par heure
Et puis plus proche encore une sale grosse nuée noire,
méchante, boursouflée, violente, agitée, qui vous veut du mal, qui dit
"pas de quartier, pas de répit, le dos au mur, ça va tomber dru, sec, les coups, ça va pleuvoir".
Où est la
vérité de ce ciel ?
Est-ce qu’il y a une vérité du ciel ?
Qu’en pensent les hirondelles (il paraît qu’il n’y en a
plus, alors ce sont sans doute des martinets, - c’est moins doux comme mot, ça
fouette ça encore -) qui le sillonnent aux trois étages, le lumineux, le no
man’s land et le boursouflé noirâtre et méchant ?
Peu leur chaut semble-t-il.
Elles ne font pas la différence.
Ce qui compte sans doute
pour elles, ce sont les courants.
Swallow’s lesson ?
©florence trocmé