Repli. Écoute. Le crayon endoscope ou microscope, ausculte
des petits pans de murs noirs, gris
ou jaunes parfois. Le cœur cogne,
bat, donne le tempo, décompte le temps, ressasse que chaque battement est
soustrait à un total. Non préétabli sauf organiquement. Ce cœur battra un
nombre de coups précis, à l’unité près, ce chiffre n’est inscrit nulle part
mais quoi qu’il en soit, il y a compte à rebours.
Alors à quoi sert l’entassement des savoirs, des
possessions, pourquoi le questionnement sans relâche, pourquoi cette pulsion de
connaître, de comprendre, d’explorer au moyen des mots, parfois d’un croquis,
d’une photo ? Intuition peut-être que le vide n’est pas vide, que le vide
évoqué ressenti invoqué est comme le vide des physiciens, matière noire,
outre-vide, que quelque chose danse dans le noir, que l’œil les sens ne peuvent
capter. Que l’écriture, tendue comme un réseau planétaire de capteurs, de
foreurs, de sismographes, d’antennes peut parfois détecter, chances infimes,
comme dans l’accélérateur de particules. Fugacité extrême du jet de sens, les
mots alors comme un faisceau d’électrons auto-tressant s’enlacent, s’entraînent
les uns les autres, se communiquent leur énergie, ramassent en leur passage
tourbillonnant les collés, les agglutinés à la paroi, arrachement, ne sont pas
des leurs, précisément ceux-là les utiles, train d’électrons lancé à vitesse
sidérale sur une cible. Laquelle ? Ce point obscur qui pulse loin là-bas,
ce battement, cette oscillation, le résidu, le précipité d’une émotion presque
éteinte, d’un passé en voie d’extinction, la première lueur d’un avenir à peine
formé, en gésine. A ce confluent du passé et de l’avenir, au croisement des
fleuves, des ondes, tremblements fugaces, infimes tracés sismographiques. Il
faut oser entrer dans le très fragmenté, le très petit, le fugace fuyant à pas
de fourmi, aux aguets, même si la venue de l’attendu est improbable. Patience dans l’écriture.
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