Ce soir, le grondement, le grondement sourd, l’ambivalent, le grondement de la vie-mort, le grondement de la vie qui va avance fore se développe cogne et bat, sang grondant dans les veines comme torrent dans un canal étroit de pierrailles. Grondement de la mort, collection infinie d’effondrements de délitations d’écoulements de décompositions, rongements infimes accumulés en informe grondement de fond, cheminent de concert, vie et menace, menace de la vie, terrible, impérieuse, tueuse du faible et du timoré, la vie passe son chemin, roule ses meules, gonfle ses flots, pousse ses vents, sème sa mort, son inhérente, son obligatoire, son obligée. Sans appel, pas de cours de cassation, pas de jury populaire à attendrir. Implacable, loi d’airain. Ça gronde, ça gronde dans le for intérieur, houle et ressac de la peine et du désir, de l’audace et de l’asthénie, ça gronde dans le ciel d’hier et d’aujourd’hui, orages, avions, missiles, la rumeur gronde, misère et révolte, ça gronde dans les glaces qui s’effondrent, ça gronde dans les fleuves qui montent, ça gronde dans les paroles embrasées par la peur et la haine, ça gronde dans les usines à canons, ça gronde dans les chaudières du monde, ça gronde au-dessus des têtes, ça gronde dans les têtes, ça gronde dans les sexes, ça gronde dans les ventres. Grondement sourd, à oublier à tout prix, ne pas entendre, musiques vissées sur les oreilles, slogans en bandoulière, illusions ras le sac à dos. Mais ça gronde, ondes du grondement en amplification et propagation à la ronde de proche en proche. Irréversibilité déjà. Le grondement déferle. L’homme fut un silence perdu entre deux infinis de bruit, atomes et galaxies. Silence détruit, obnubilé par le grondement, le grondement en approche, bruits de bombes et de cyclones. Inextinguible déjà. Grondement de l’ogre, sans visage, sans corps, sans matérialité, qui fond sur le monde.
Souffle et lutte, révolte et souffle encore … Les images charriées en magmas incandescents. Nom de dieu, quel texte ! Qu'une défricheuse de votre acabit soit également une poétesse d'une telle trempe ne saurait que m'éjouir l'âme …
Rédigé par : Pascal Perrot aka Poetic Gladiator | 17 février 2007 à 04h30
Ce texte m'émerveille!C'est merveilleux! JE l'ai en tête et je m'en redit des petits bouts... Et puis j'y reviens pur relire le tout!
Rédigé par : orlando de rudder | 17 février 2007 à 22h03
Douleur du dé : se détacher, se délivrer, se démunir. Rouler, sans fin, ivre de ce vertige à chaque choc renouvelé, affamé de cette chute sans rivage. Sans but.
"Garde ce qu'il faut d'ectoplasme pour paraître leur contemporain." Michaux.
Rédigé par : Pierre Maubé | 22 février 2007 à 17h17
Votre texte est dur et pourtant tellement vrai....hélas ! Mais il faut quand même malgre cet environnement pessimiste garder le moral et essayer de positiver...sinon on ne peut que se laisser aller vers le suicide...le vide...le néant...de cette mort qui nous effrait par "sa forme inconnue et/ou la violence" qu'elle revêtira un jour...
Vivre du mieux possible et pleinement... il nous est seulement possible d'habiller notre temps de vie par un choix de valeurs positives...faut-il encore que l'humanité ait ce même raisonnement...
Je ressens votre peur sans toutefois avoir votre talent pour l'écrire....
Je suis ravie de lire votre blog ainsi que vos travaux sur Poezibao. Merci et félicitations c'est merveilleux !
Rédigé par : JADE | 02 mars 2007 à 12h22