Le vert, le vert pâle, là, dans la rue, des montants des
portes, ce vert pâle à mourir de sa pâleur de vert, de ce vert pâle, là, ici,
alors. Et le vert de la pierre resté dans l’œil, œil vert de la pierre, vert
jaspé de la pierre dans le sable restée là-bas sur la plage infinie, que sont
devenus cette pierre-là et son vert. Qu’est la vie de la pierre [que sont les
vies de tout, de ce petit garçon, de ce livre, du feu rouge, quelle est la vie
de l’aiguille de pin à la dernière rangée d’arbres sur la montagne, connue de
ses seules sœurs aiguilles, de son arbre tuteur, de la sève qui la nourrit.]
Pierre verte prélevée par la photo, où es-tu maintenant, à
ton heure de pierre, reprise par les vagues, restée là à l’estran,
improbablement ramassée par un promeneur passant ? Que sont ta nuit ton
jour, ton eau ton sec, pierre verte, tournée retournée, face lune face soleil,
face sable face mer, ballotée, lentement effritée dans la sauvagerie des
concassages marins, fracassée contre la brune et la jaune et la noire,
éparpillée, fragments arrachés un à un retournant au gravier au sable. Pierre ô
ma pierre, familières des étés, des automnes, des équinoxes et des tempêtes.
J’ai quitté le lieu peut-être à jamais et toi, ma pierre
verte du rivage, tu t’amenuises à ta manière centenaire dans l’océan maître.
Ma main se referme sur ton absence.
©florence trocmé, 2007