L’étranger, le familier
Dans la sonorité l’étrangeté
– le si familier, le tellement étranger – sons sus, sons in-ouïs – ô ces
notes égrenées une à une d’aigu à grave, alliages sonores en ponts fragiles sur
l’immensité du silence, édifices éphémères, gué sur la solitude, le sans, l’absence – tâtonnements
d’enfant dans le noir, pi-rouette... –
se retourne, appelle tout doucement – danse dans sa peur, halo de présence –
toupie, toupie folle, toupie noire tentant d’aspirer les forces du deuil – puis :
papillon – volète au fil des vieilles tapisseries murales, ivre de leurs odeurs
trépassées – frémissements ausculteurs : où sont les années enfuies, où
ceux qui, là, où lui, seul, si – la marelle sur les cases du tapis, les rires,
les chants d’oiseaux dans le jardin, les courses-poursuites, l’absolu des
matins d’été – pieds de nez et hoquets moqueurs – et le soir mélancolie fugace,
la montée des ombres, le train dans le lointain, les conversations des grandes
personnes.