Lucien Suel, à propos de Jacques Kerouac, dont il vient de
traduire Le
livre des Esquisses :
« On l'imagine entre 1952 & 1954, avec sa chemise à carreaux, sortant
de sa poche de poitrine un carnet, notant, pressé d'écrire pour capturer le
moment, saisir ce qui se déroule ou se repose devant ses yeux, apparemment sans
effort, «esquissant» pour unifier sa vision de l'Amérique, une série d'ajouts à
la tapisserie de sa prose spontanée. [...]On découvre [...] des confessions
candides, les résolutions d'un écrivain, la recherche du salut, contemplation
ou ivrognerie, des hommages à Wolfe, Melville, Lawrence, Dostoïevski [...] Mais
d'abord, les esquisses, le visage de la terre, la vie quotidienne en Caroline
du Nord chez sa sœur Nin, le travail du serre-freins dans les dépôts de chemins
de fer, l'automne immense qui bourdonne, les bruits dans les bois, les gens
dans la rue, les filles, le vin, l'herbe, images de l'Amérique d'après-guerre,
orage approchant, plumes d'oiseaux, entrepôts, brindilles, métro de New York,
cabanes, bars, anges, jeunes garçons noirs de l'éternité, petites plantes
malingres sur les châssis de fenêtres, mendiants mexicains, camions, lumières,
tout magnifiquement présent... » Lucien Suel, prière d’insérer du Livre des
Esquisses de Kerouac, qu’il a traduit et préface.
→pourquoi recopié ? A cause de l’idée de bric-à-brac, qui n’en est pas un,
de ces esquisses et parce que toujours à la recherche de modèles tutélaires
pour le Flotoir. Alors orage approchant,
plumes d'oiseaux, entrepôts, brindilles, métro de New York, cabanes, bars,
anges, jeunes garçons noirs de l'éternité, petites plantes malingres sur les
châssis de fenêtres, cela m’enchante, au sens propre.
→Enchantement, ne serait-ce pas un
bon mot pour décrire le but de nombre de mes recherches, l’enchantement (par la
littérature et la musique) face au désenchantement du monde.
« L'opération mystique de l'enchantement »(W.
Jankélévitch, Je-ne-sais-quoi, 1957, p. 102, cité par le TLFI).