Qui si je criais… ? un premier terme
Terminé Qui si je criais… ?, de Claude Mouchard, terminé en tous cas la première lecture in extenso (et là je suis allée, exception notoire, jusqu’au bout du livre !) mais commence plutôt avec ce livre une sorte de chemin de lectures (Chalamov et Antelme, Margolin et Kertesz….)
Handke, saisir sur le vif
Ouvert Hier en chemin de Peter Handke.
Handke saisit les choses sur le vif, je ne dirai pas les croque, c’est encore plus rapide, mais il y a de cela toutefois dans la vitesse en éclair de la vision et aussi dans les rapprochements surprenants et très parlants qu’il voit ou qu’il opère (en fait ils sont là, ces faits juxtaposés, mais une fois encore, travail de tri discriminant de la conscience qui ne sait pas les voir ensemble…) Handke, toutes proportions gardées, travaille un peu à la manière d’un Plantu qui saisit deux faits complètement distincts dans l’actualité et qui les marie, pour notre plus grande joie souvent, mais aussi pour susciter souvent une sorte de vertige réflexif. Peut-être aussi que l’art de certains photographes est de faire parler ces réels juxtaposés ? Il y a là en fait un travail d’association, au sens presque psychanalytique du mot : « une troupe de soldats en uniforme tacheté dans la brume lointaine de la route, tas de pommes de terre gris brun ». Rapprochement, comparaison, simple juxtaposition, hasard lié par l’œil, puis le texte, hétérogènes associés dans la page ?
De la forme (Handke)
« Articuler l’esprit à l’aide de la forme, sinon il ne souffle, ni n’agit (Hier en chemin, Carnets, novembre 1987-juillet 1990, Verdier, 2011, traduction d’Olivier Le Lay)
De l’effroi et du son (Handke et non Quignard !)
« Nous sommes venus au monde dans l’effroi, et c’est encore en nous ? » (15)
→ et nous avons vécu, avant l’effroi, dans un monde sans images mais avec sons. Et le son était heureux et l’image ne fut pas heureuse, c’est encore en nous ?
→ L’homme émet des sons tout le temps. Il est image, il n’émet pas d’images
les aimèrent et leurs petits
par vagues successives, toujours battant le rocher, reviennent et reviennent, mêmes et différentes, hordes ou cohortes, passage infini des silhouettes sur la ligne de l’horizon – même plus figurines à tirer à la carabine, passées déjà à jamais, mais traversant indéfiniment le champ, là-bas, solidaires et solitaires : les ont été, les furent, les avaient eu, les aimèrent et leurs petits, enfants, animaux, plantes et fleurs.