Œuvres témoignages, Müller et Antelme suite
Avancé dans ma lecture de Renverse du souffle d’Herta Müller. En fait je pense que je fais fausse route en assimilant le livre de Müller et celui d’Antelme, car Müller n’a sans doute jamais prétendu écrire une œuvre de témoignage. Son livre n’est pas un livre de fiction, certes, mais c’est une œuvre littéraire avant tout. Le statut de l’Espèce humaine me semble beaucoup plus complexe. Müller tente sans doute de rendre par des moyens littéraires et notamment par la métaphore ce qu’elle a pu connaître et comprendre du ressenti, des sentiments, des impressions, des souffrances d’Oskar Pastior dans ce camp de travail soviétique. Il me semble qu’Antelme ne recourt pas ou très peu à la métaphore. Il serait intéressant de comparer pas à pas les descriptions de la faim chez l’un et chez l’autre.
Asthme d’âme
cela ronge insidieusement, petites plaques mauves s’étoilant en fougères fossiles, lignes de la main à même la peau du crâne – étoilement vertigineux, on s’accroche, c’est rampe de lancement, rien à faire, le coup part et c’est temps et tempe éclatés, voletant égarés dans la lumière d’automne si douce, si pâle et tendre, si seule dans ce chaos noirâtre, laves sombres, boues rouges, taches violettes et poumons anthracite, éclats de suie au cœur des bronches, asthme d’âme.