Ciel
toujours très beau, presque 15° ce matin, anomalie saisonnière de nouveau ; le marchand de légumes vend des pots de petites herbes aromatiques car, dit-il, dans les jardins tout a gelé.
De la lecture toujours (Marielle Macé)
« La plupart des théories de la réception regardent la lecture comme un "moment" autonome, séparé et même un peu exorbitant : un comblement de lacunes, une suractivité sémiotique où, quelle que soit l’importance supposée du lecteur, il manque toute la part du devenir, de l’intériorisation lente, de la durée existentielle où reposent en réalité beaucoup d’enjeux de la lecture. » (Marielle Macé, Façons de lire, manières de vivre, p. 107)
→ cette remarque me semble essentielle ! J’aurais envie ici de joindre deux domaines sur lesquelles je tente de me pencher en ce moment, lecture et géologie. Car il semble bien qu’il y ait une véritable sédimentation des lectures dans le for intérieur, tout comme de minuscules particules pleuvant sur une surface réceptive (laquelle ? inconscient dit collectif ?) et aboutissant, par longueur de temps, à former de grands agrégats. En cela seul, la lecture fait quelque chose au lecteur. Ce qu’il a lu, en quelque sorte il ne peut plus ne pas l’avoir lu et cela même s’il oublie complètement cette lecture, le titre même du livre, voire le nom de l’auteur. Se forment ainsi des sortes de filons intérieurs, formés par ces dépôts de la lecture.
→ de plus il semble évident que la lecture n’est pas que le fait de l’instant où elle se produit, matériellement. Livre refermé, il y a souvent une sorte de prégnance de la lecture, phénomène surtout frappant dans l’adolescence, lorsqu’au terme d’heures de lecture, plus un moins emporté dans le livre, le lecteur demeure longtemps dans son aura, coupé en partie du réel, absent aux autres, absorbé, dans la tension dynamique aussi du retour, le plus vite possible, au livre, à la lecture. Avec le destin souvent déceptif de ce renouvellement du plaisir ou du bonheur de lire mais qui semble le fait de l’adulte plutôt que de l’adolescent….
dans l’ombre double absent
dans l’ambre le temps et dans l’ombre double absent le bleuté du jour – temps passé, couleurs délavées, fuient et meurent – de la trace, restent seuls squelette, tracé, le tu, l’enfoui, sédiments – émotion du caillou, ramas de silences concassés, à frotter non pour feu mais bruit du temps.
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