Max Little, la voix, Parkinson
Max Little est chercheur en mathématiques appliquées et il tente de mettre au point une détection très précoce de la maladie de Parkinson dans la voix. Pour cela il fait actuellement une collecte d’enregistrements et il a établi une série de plus de 300 algorithmes. Il pense que la maladie de Parkinson peut se détecter dans la voix à un stade très précoce. La voix est en effet « le résultat d'une coordination du larynx, et du diaphragme, des cordes vocales, de la langue et des lèvres. Chez un malade de Parkinson, cette coordination est altérée. La voix à des rigidités, des faiblesses et des tremblements. Elle est un bon marqueur de la maladie. Il est possible qu’elle soit même l'une des premières fonctionnalités affectées. Je n'en suis pas encore sûr mais en tout cas Parkinson se détecte par la voix même un stade très précoce. » (Max Little in Le Monde, daté mercredi 8 août 2012)
(On peut participer à son étude en donnant un échantillon anonyme de sa voix, que l’on soit parkinsonien ou pas, au numéro de téléphone 02 49 88 05 76)
Superlatifs, encore
Je me suis tenue un peu à l’écart des médias ces derniers jours mais j’ai tout de même relevé ce titre en anglais : The top 100 bestselling UK books of all time (les cent livres anglais les plus vendus de tous les temps). Je croyais que la Bible était le best-seller mondial et aussi, la plupart du temps, dans les pays de religion chrétienne mais peut-être n’entre-t-elle pas dans les livres en compétition ici ? Cette manie des classements, des records est une calamité. Pourquoi si l’on choisit de montrer dix exemples d’un phénomène, affubler automatiquement ce choix d’un titre du style : les dix plus beaux … du monde. Tout n’est que comparaison, dualité, charts
De minimis
Se souvenir alors, en antidote, de ces mots que Linné a placés en exergue de sa Science des insectes, ce qui est rapporté par Bergounioux dans la belle émission de France Culture, diffusée récemment : natura maxima miranda in minimis, jamais la nature ne suscite une plus grande admiration que dans les petites choses. Lorsqu'on focalise son attention sur les créatures imperceptibles, dit Bergounioux, on ressent une admiration très grande, une perfection, un éclat et il voit là la raison de son intérêt pour les insectes.
Celibidache
Je continue à avancer dans la lecture de La Musique n’est rien et ai laissé complètement tomber un long article trouvé sur le net et qui me semblait prometteur. En fait un charabia, bourré de fautes d’orthographe et très confus, aussi bien sur le plan de la pensée que sur celui de l’écriture.
Il n’empêche que parfois Celibidache me trouble et que je ne comprends pas grand-chose à ce qu’il dit. Il faudrait sans doute approfondir la question de la phénoménologie de la musique et reprendre un peu les bases de l’approche du zen qui semble orienter profondément sa pensée. Mais c’est un livre plus qu’intéressant et de longue portée, dont les idées clés ne cessent de revenir à la conscience. Presque chaque fois qu’il est question de musique, autant dire sans cesse !
Pensée dans la musique (Celibidache)
À plusieurs reprises cette insistance sur le fait qu’il doit y avoir beaucoup de pensée bien sûr dans le travail de base sur la musique à jouer, le travail préparatoire puis de moins en moins de pensée. Élimination de la pensée et de la peur dans le jeu, à terme. Tellement souvent expérimenté cela, à mon modeste niveau : le désir de bien faire, l’afflux de pensées de contrôle, le peur de l’échec entravent totalement la liberté du jeu, beaucoup trop accroché au texte.
Il dit aussi que la pleine conscience ne s’encombre pas du passé (savoir, connaissance) ni du futur (volonté, désir).
Tempo (Celibidache)
Cette phrase me semble bien synthétiser de nombreux aspects de la pensée de Celibidache : « tempo non pas comme une affaire de physique, mais tempo comme condition pour que la multiplicité soit réduite à une unité, qui puisse être assimilée par l’esprit humain, qui est lui-même une unité. Rien d’autre. Celibidache répète plusieurs fois la réplique de Furtwängler à qui alors qu’il est un jeune chef en formation, il demande à quelle vitesse doit être joué tel mouvement et qui lui répond : « pourquoi wie schnell [à quelle vitesse] ? Tout dépend comment ça sonne ». Immense influence de cette simple réplique sur lui, comme un énorme pavé dans la mare avec ondes de choc sur le très long terme. Et Celibidache continue « tout dépend comment ça sonne. Si ça sonne riche et profond partout je deviens plus large, si ça sonne sec et évanescent je dois accélérer. Il faut être orienté sur l’écoute, sur ce qui sort effectivement (tatsächlich), ce qui entre réellement en jeu et pas sur une théorie. Le métronome dit 92. Qu’est-ce que 92 ? Qu’est-ce que 92 dans le Philharmonie de Berlin ? Qu’est-ce que 92 dans la Philharmonie de Munich et qu’est-ce que 92 dans le Musikverein de Vienne ? Une idiotie. Car chaque salle, chaque morceau, chaque mouvement a un tempo propre, absolu, qui reflète cette situation et aucune autre » (La Musique n’est rien, p. 162)
La pulsion photographique et l’enregistrement
J’éprouve un vrai besoin de photographier et je m’interroge sur les raisons de ce qui ressemble un peu à une pulsion (et ça ne date pas d’hier !) et sur le devenir de ces monceaux de photos, sachant que je me résous très difficilement à en supprimer (environ 10 000 cette année). Sans doute quelque chose dans le rapport au temps est-il là en jeu.
Dès l’adolescence, ce besoin de retenir, d’enregistrer et de stocker, un peu comme si tout cela devait m’être arraché, comme si j’étais menacée de pénurie. Dresser des digues de livres, de mots, de musique, d’émissions devant le vide, l’absence, le manque ?
J’aurai vécu à une époque qui aura vu la multiplication exponentielle des outils à enregistrer. Depuis mon premier magnétophone Grundig à bandes en passant par les K7 jusqu’à tout ce qui se développe aujourd’hui en ligne et qui continue à me fasciner et à me requérir.
De l’encyclopédie
Il y a dans Internet une dimension dont on ne parle pas beaucoup, me semble-t-il, mais qui pour moi est fondamentale et fascinante, précisément parce qu’elle répond à des questions et désirs de toute une vie, le caractère encyclopédique. Souvenons-nous, autrefois, quand une question se posait, il fallait chercher dans le dictionnaire, interroger les amis, souvent aller à la bibliothèque, fouiller longuement car il fallait aussi savoir où et comment chercher. Exemple très précis : l’autre jour lisant Celibidache, le voici qui parle du 2, du 3 et du 4 (je n’ai d’ailleurs pour l’instant rien compris à son explication !), et qui relie le 2 à alla breve, le trois au triangle et le quatre à la croix. Impossible de me souvenir de ce que c’est exactement que alle breve, j’attrape mon téléphone qui est sur ma table de nuit, je tape alle breve et en trente secondes je suis renseignée…. Impossible de se lasser de cet aspect presque miraculeux d’accès à des savoirs et connaissances quasi infinies, dans tous les domaines.
Jeux de billes
Très amusée de voir au journal télévisé une compétition (pour adultes) de circuits de bille qui se passe à Pornichet. Cela réveille le souvenir de ces fameux circuits que l’on faisait enfants : il fallait d’abord réaliser le tracé, avec des virages soigneusement relevés et des obstacles. Puis il y avait la manière de propulser la bille : parfois cela faisait un peu mal à l’ongle. Soit en pichenette, index/majeur, soit main basculée, pouce et index, ce qui donnait une grande force de propulsion. Et l’on avait des petites figurines de cyclistes que l’on plaçait à l’endroit que l’on avait atteint… pensé retrouvant ce souvenir à L’Autobiographie des objets de François Bon.
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