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Rédigé par Florence Trocmé le 28 mars 2013 à 11h29 dans photomontages | Lien permanent | Commentaires (0)
Double
tension
Il me semble qu’il y a au moins une double tension dans l’esprit :
celle de la volonté (il faut, je dois, impératifs) et celle de la
concentration, l’une horizontale, projection, l’autre verticale, creusement.
Du livre
Toujours une vraie émotion à voir dans le métro un lecteur, surtout très
jeune, avec un livre. Jamais avec une liseuse.
« Le Bach est une langue qui se
parle »
« Pensez que le Bach est une langue qui se parle : posez les questions,
attendez les réponses, aidez-vous du contrepoint, soyez libres ».
« Dans la musique baroque et classique, résistez au romantisme ».
Propos de la violoniste Viktoria Mullova (source)
→ exactement ce que me dit constamment S. Et c’est vrai qu’il faut résister au romantisme. Cela dit, je
pense qu’Anne Queffelec dans le disque Contemplation
joue un Bach romantique et… c’est merveilleux et je ne m’en lasse pas.
Alors ?
Je crois que le romantisme est entre nous et Bach, que nous sommes pétris de
romantisme (et hélas aussi de ses dérives kitsch). Que nous devons nous
approcher au mieux de l’esprit de Bach quand il a écrit sa musique, laquelle
d’ailleurs parle d’elle-même, est vraiment une
langue qui se parle et qui s’apprend, et se prête finalement assez mal au
romantisme, sauf peut-être ponctuellement ; mais que nous ne devons
toutefois pas renier ce qui nous modèle en profondeur. Je note d'ailleurs que
les pièces les plus « romantiques » du disque de Queffelec sont des transcriptions
et non pas des originaux ! « Comment l’entendez-vous ? » :
je crois que nous ne pouvons pas gommer complètement le filtre du romantisme. Mais
que peut-être, en revanche, la musique contemporaine fonctionne comme un bel
antidote aux excès du romantisme et à la tentation de l’introduire là où il n’a
pas lieu d’être.
Bonnefoy, toujours
Michèle Finck montre bien, (in Giacometti
et les poètes), comment Bonnefoy esquisse une alternative. Ni le spectre de l’Étranger, ni le sceptre du pouvoir mais l'amour. Et comment il en vient à cette
étonnante formule : “il suffit d'aimer,
mais aussi bien il le faut” (149). C’est un moment de bascule central dans
l'œuvre de Bonnefoy. Ces pages 149 et 150 sont importantes pour comprendre l’œuvre
de Bonnefoy. Et le parcours dans les trois livres qu’il a consacrés à
Giacometti éclaire cette évolution qui se reflète aussi dans l’appréhension de
l’œuvre de l’artiste. Par exemple, dans le texte de 1967, L’Étranger de Giacometti, cette transmutation
par l'amour, Bonnefoy pense qu'elle n'a pas eu lieu. Et il semble qu’il
infirmera ce point de vue plus tard.
→ voici posée une fois de plus cette question très importante : que
projetons-nous de nous-mêmes dans notre appréhension des œuvres ? Peut-il
exister un biais qui fausse notre
capacité à comprendre et juger l’œuvre ?
Je pense à cette analogie : il est difficile pour celui qui n’a aucune foi
de comprendre la démarche et la manière d’être au monde de quelqu’un qui croit
aux fins dernières, à une puissance supérieure, aimante ou violente, à une
forme de rédemption par la souffrance. C’est plus qu’un biais, c’est une
philosophie qui informe toute la vie, toute la pensée, toute la réflexion. Peut-on
penser que la volonté positive et celle de transmutation
par l’amour de Bonnefoy agiraient ainsi ? Serait-ce la source que ce que
je ressens parfois, le lisant, au-delà du caractère souvent admirable de son
écriture et de la profondeur de sa pensée : un blocage, car cette pensée s’appuie
sur des présupposés que je ne partage pas et elle me semble éclairer d’un jour
particulier des données, des faits, des œuvres qui sont très loin de cette
vision ?
Liberté de lecture
Mais que ce soit à propos de Bach ou de Bonnefoy, me reviennent aussi en
tête ces remarques d’Antoine Emaz, concernant le fait que nous sommes libres de
notre lecture. Peut-être tempérer en distinguant la pratique personnelle d’une
pratique plus collective. Penser que je suis libre de jouer le premier prélude
du Clavecin bien tempéré en le noyant
de pédale et d’effets, si cela me chante, mais que si je devais donner un
concert à Pleyel, ce serait sans doute impensable, à moins que j’apporte par
toute une vie de réflexion et de travail, une raison d’être à cette approche.
Que je peux chercher et trouver dans une œuvre ce qui peut-être ne s’y trouve
pas, mais que je ne suis pas libre de tenter de faire croire aux autres que
cela y est ? Nous menons un entretien sur ce thème avec Antoine Emaz en ce
moment ! A paraître sur Poezibao
un peu plus tard. Et me revient aussi à l'esprit la très belle formule du pianiste Christian Zimmermann : jouer la raison pour laquelle cela a été écrit ! (Il souligne que cela arrive très exceptionnellement).
Rédigé par Florence Trocmé le 28 mars 2013 à 11h25 dans Bribes de Flotoir | Lien permanent | Commentaires (0)
Rédigé par Florence Trocmé le 25 mars 2013 à 14h31 dans photomontages | Lien permanent | Commentaires (0)
Le
Nombre d’Or
Lu en grande partie le livre Le Nombre d’Or, premier volume de la série « Le
monde est mathématique » du journal Le
Monde. À condition de passer allègrement sur nombre de démonstrations
mathématiques, c’est tout de même abordable et souvent assez fascinant. Comme
la suite de Fibonacci et toutes ses propriétés : 1 1 2 3 5 8 13 21 34 57 où
chaque nombre est la somme des deux précédents. Suite qui a des propriétés
multiples et étonnantes : ainsi par exemple celle qui fait qu’en divisant
n’importe quel nombre par le précédent, on obtient 1,61…, soit le nombre d’or.
Appris aussi que toutes les cartes de crédit étaient des rectangles d’or et
qu’à ce type de rectangle si l’on soustrait un carré qui a pour côté le petit
côté du rectangle on obtient un nouveau rectangle d’or. Et qu’en traçant des quarts
de cercle à l’intérieur des carrés successivement soustraits, on obtient une
spirale comme celle de la coquille d’escargot. Et ainsi de suite.
→ plusieurs avantages de ce livre : me faire comprendre que la
non-compréhension des maths qui fut la mienne enfant est bien plus une question
de blocage que d’incapacité ou d’intérêt (je le savais déjà en partie grâce à
Queneau, Roubaud, Bourbaki, etc. !) ; me faire mieux percevoir le côté
très rigoureux de la pensée mathématique, la nécessité de définir parfaitement
chaque terme, etc. (en prendre de la graine !) Et enfin permettre d’approcher même très modestement des
notions qui semblent inaccessibles faute de bagage mathématique suffisant. Ne
sont-ce pas là quelques critères d’une bonne vulgarisation scientifique ? Celle
qui permet à l’esprit curieux mais dans certains domaines totalement inculte de
ne pas passer complètement à côté de données fondamentales pour la
compréhension de soi et du monde.
Pas seulement une référence culturelle partageable
Je l’ai déjà souligné, les pages sur Bonnefoy (in Giacometti et les poètes) sont complexes et la démarche sans doute
centrale dans le livre. Ce pourrait être une critique de la méthode critique de
Bonnefoy. (131). Et Michèle Finck excelle à créer une sorte de choc des points
de vue critiques.
→ Et donc à conduire le lecteur vers une interrogation sur sa propre manière de
percevoir les œuvres ; et au-delà peut-être, elle enseigne, me semble-t-il,
à avoir une forme de distance critique vis-à-vis des écrits sur les artistes et
l’art.
Elle pense par exemple que si le poète écrit sur Giacometti, c'est que « le
sculpteur lui parle de sa propre enfance. L’œuvre interprétée n’est pas
seulement une référence culturelle partageable (en particulier avec les poètes
de L’Éphémère) : elle porte en
elle une part du passé de l’interprète lui-même. » (Michèle Finck, Giacometti et les poètes, p.131).
Toute la page 135 montre à quelles crises majeures fut confronté Yves Bonnefoy :
fin de l'enfance, question de la poésie (Bonnefoy se sent « l’héritier de la crise
mallarméenne de 1866 ») et menace d’être submergé par la négativité. Le
premier livre de Bonnefoy sur Giacometti, L’Étranger
de Giacometti est une « condensation fulgurante, par surimpression, du
Bonnefoy chassé de l’enfance, du Bonnefoy de la maturité lecteur de Mallarmé,
du Bonnefoy [...] confronté hic et nunc
à l’enterrement de Giacometti. » (136). Et elle montre que dès ce
moment-là s’opère la prise de conscience du germe d’un possible renversement : « Ma
parole devient, toute vacuité qu’elle soit et sans origine, mon seul espoir,
mon seul être » (in « L’Étranger de Giacometti », L’Improbable, p. 319, cité p. 136.)
Sur la fascination (Blanchot)
Cette très belle citation de Blanchot sur la fascination en une formulation
plus simple et de ce fait pour moi plus forte que les formules baroques d'un
Quignard, même si je sens une forte proximité ici entre les deux auteurs :
« Ce qui nous fascine nous enlève notre pouvoir de donner un sens,
abandonne sa nature “sensible”, abandonne le monde, se retire en deçà du monde
et nous y attire. » (Maurice Blanchot, L’Espace
littéraire, p. 25, cité par M. Finck p. 140)
Question, réponse, encore (Bonnefoy)
« C’est l’honneur déjà de la pensée conceptuelle que de questionner
plutôt que de répondre. C’est l’honneur de toute pensée », écrit Bonnefoy
(cité p. 143)
→ Sur cette pensée, une variation : s'il y a tentative de réponse à la
question, que ce soit par variations et multiples, pour éviter le figé de la
certitude, respecter le tremblé du tâtonnement et ancrer l'ébauche de réponse
dans le temps.
Double hélice du doute et de la honte
Porte frotte et pointe truffe sauras-tu la bascule plateau en
partance pour la nuit noire – puits sans fond ni loi ses parois procès à tous
les étages double hélice du doute et de la honte – verte volée qui dira juste
le juste mot toujours celé.
Rédigé par Florence Trocmé le 25 mars 2013 à 14h26 dans Bribes de Flotoir | Lien permanent | Commentaires (0)
Rédigé par Florence Trocmé le 24 mars 2013 à 11h24 dans photomontages | Lien permanent | Commentaires (0)
Interrogation
insistante et impossible (Dupin, Giacometti)
Cette importante notion d'interrogation
insistante dont Michèle Finck (in Giacometti
et les poètes) dit qu'elle caractérise l'approche de Dupin et de Giacometti,
en dialectique avec l’autre question centrale, celle de l'impossible.
Et elle souligne le lien indissoluble entre
ces deux questions et y voit même le centre de la critique d'art de Dupin :
« Cette dialectique de “l’impossible” et de “l’interrogation insistante”
se joue autour ce que l’on peut appeler [...] la dialectique de la “tête” et de
“l’entêtement”. En effet c’est bien autour de la question de la “tête” que “l’impossible”
se noue pour Giacometti. L’indissoluble lien entre la question de “l’impossible”
et celle de la “tête” se situe au centre de gravité tant des Écrits de Giacometti que de la critique
d’art de Dupin : “je sais qu’il m’est tout à fait impossible de modeler,
peindre ou dessiner une tête” » (87)
Le bruit rétinien : Le silence
Reprise du thème du bruit rétinien
cette fois non plus du côté du sifflement
de Celan mais du côté du silence chez Dupin. Occasion d’une très belle citation
de Jean-Luc Nancy : « Le silence doit s'entendre non pas comme une
privation mais comme une disposition de résonance » (extrait de A l’écoute, p. 44, cité p. 95)
Et c’est qu’à propos des sculptures de Giacometti, Dupin écrit qu'elles provoquent
une sorte de commotion silencieuse.
→ Belle fécondité de cette idée de disposition,
ici dite non pas de réception ou d’écoute, mais de résonance. Se faire cage de résonance, pour ce qui advient, que
ce soit dans la musique, dans la lecture, dans la contemplation d’une œuvre
d’art. Et tenter de développer au maximum son potentiel de résonance.
→ Michèle Finck l’a magnifiquement développé ce potentiel de résonance. Chaque
pas de son approche critique est accompagné de ces échos, avec d’autres textes,
issus des œuvres des poètes ici principalement étudiés, Celan, Dupin, Bonnefoy,
mais aussi de bien d’autres qui viennent sonner au moment opportun dans le concert général. Ce serait en soi une méthode
critique complète qu’elle propose ici.
Lire bien (Nietzsche)
« Lire bien, ce qui signifie lire lentement, en profondeur, attentif
en arrière et en avant, avec des pensées de derrière la tête, avec des portes
laissées ouvertes » (F. Nietzsche, Aurore, Avant-propos de 1866, §5,
traduit par Dominique Buisset. Cité in revue Fario, n° 12, p. 8)
→ Ce n’est pas tant l’idée de lenteur qui me retient ici, que celle de
l’ouverture de l’esprit en avant, en arrière, au-dessus et en-dessous du texte,
la capacité d’entendre tout ce qui bruit autour et qui s’attache à « porter
au jour l’intention profonde » de l’auteur (Pierre Bourdieu cité par
Michèle Finck in Giacometti et les poètes,
p. 61)
→ ce que fait à l’évidence Michèle Finck dans son livre !
Une véritable auscultation
En fait Dupin selon Michèle Finck propose une auscultation de l'œuvre de Giacometti. Médicale et musicale, où
donc la dimension d’écoute est très importante. Et elle-même, comme déjà
souligné, se met à l’écoute de tout ce qui circule entre les artistes, entre le
sculpteur et les lecteurs de son œuvre, innombrables lecteurs tous requis par
elle ! Il y a constamment ce jeu de rapports, de mises en relation, qui
est très fécond. Et si Michèle Finck se tient en retrait, ce qui semble ici un
impératif quasi déontologique (mais que tous sont loin d’appliquer), on peut
aussi sans doute entendre, sous-jacent, ce qu’il en est de sa propre
sensibilité, de sa propre manière de recevoir ces œuvres-clés dont toute sa vie
semble imprégnée. Il y a donc un jeu d’échos magnifiques, que l’on entend très
concrètement dans ce livre à facettes. Échos rendus possible aussi sans doute
par un concept fédérateur, selon elle, des œuvres de Dupin et Giacometti, un
« silence interrogatif et agonistique ». (102)
Une éthique du questionnement
(Giacometti)
Et d’enchaîner avec une salve de citations de Giacometti dont
celles-là : « Notre activité n’est qu’une question continuelle à
l’univers. » ou bien « le monde est bien un sphinx [...] qui se tient
continuellement devant nous et que nous interrogeons » (extraits de Écrits d’Alberto Giacometti, cités p.
103)
Une véritable éthique du questionnement, dont Michèle Finck souligne qu’elle
doit aussi sous-tendre le travail du critique : « cette éthique du
questionnement, consubstantielle à la création selon Giacometti, est encore
intensifiée par le “bruit rétinien” qu’est le silence secrété par les
œuvres : « le silence “creuse” l’espace de l’interrogation dont il
décuple la force » (103)
→ ici c’est une vraie leçon du regarder
que reçoit le lecteur, qui ne doit pas craindre une forme de saisissement devant l’œuvre, mais
peut-être bien davantage une irruption d’un bavardage intérieur inapproprié,
craindre aussi de plaquer sur l’œuvre des discours, des préjugés récoltés ici
ou là.
Et ce qui est vrai pour celui qui se trouve devant le tableau l’est aussi pour
le lecteur. Ne pas aborder le livre avec préjugés, ce n’est pas si évident que
cela et d’autant plus que l’on est informé, que l’on sait décrypter des signes
comme le nom de l’éditeur, celui de l’auteur, etc. Faire une sorte de silence
conceptuel en soi, en ouvrant le livre ! Là serait une vraie éthique du questionnement.
→ Et n'est-il pas profondément naturel et normal de questionner sans cesse le
monde (et les œuvres), comme le fait d'ailleurs l'enfant avant les censures et
les récupérations.
Bonnefoy
Le troisième mouvement du livre est consacré à Bonnefoy. Il faut savoir que
Michèle Finck est une spécialiste de l’œuvre de Bonnefoy (voir sa bibliographie)
Il y a une récurrence importante de l’interrogation critique de l’œuvre de
Giacometti chez Bonnefoy puisqu’il lui a consacré pas moins de trois textes en 1967,
1991 et 2002.
Des écrits hors norme dit Michèle Finck,
loin de la brièveté des autres. Chez lui c'est un vrai chantier Giacometti toujours en devenir. (108).
Michèle Finck aborde ensuite ce qu’elle nomme une « catégorie générique inédite »,
la notion de critique en rêve
développée par Bonnefoy. (110) qui cherche là et très tôt la possibilités d’une
transgression des virtualités
conceptuelles du langage déjà vécue avec les récits en œuvre. Il y a une
vraie hybridité des genres et dérive
des écrits critiques vers la poésie. (111)
Et bien sûr un caractère oxymorique forcément conflictuel de la critique en
rêve.
→ Bien sûr l’idée est infiniment séduisante d’aborder l’œuvre sous un autre
angle, dont on pourrait peut-être supposer qu’il mettrait en contact deux
subjectivités. Mais l’exercice est plus que difficile, très périlleux et sans
doute réservé à quelques-uns seulement. On verra peut-être dans la suite du
livre ce qu’il en est, selon Michèle Finck, de l’approche de Bonnefoy. Non pas
qu’elle ne soit pas légitime, l’auteur est libre d’écrire ce qu’il veut et
d’approcher l’œuvre comme il l’entend, mais en terme de crédibilité critique.
Est-on en présence seulement d’une belle lecture qui serait un poème et dont
l’œuvre ne serait que le prétexte, l’élément inducteur, ou bien cette vision
ouvre-t-elle à une compréhension autre, plus profonde, de l’œuvre étudiée,
examinée ? Et on peut se demander si la voie médiane qui associerait le
« rêve » mais aussi une très solide connaissance critique et
théorique de l’œuvre ne serait pas la bonne ? Et on peut penser que c’est
cette méthode-là que tente de mettre en œuvre Michèle Finck, dont on sent bien
qu’elle s’autorise, mais de manière très tenue, à lire parfois en rêve ce
qu’elle lit. Se donnant ainsi la possibilité de la résonance, de la mise en
perspective d’éléments que d’autres n’auraient sans doute pas pensé associer.
L’écueil de cette sorte de critique me semble bien dit dans cette
formule : « Le Giacometti de Bonnefoy est autant un portrait de
l'artiste qu'un autoportrait de l'auteur. »
Et il y a aussi cette idée déjà évoquée que le critique dans certains cas et
parfois à son corps défendant projette sa propre vision du monde sur l’œuvre
qu’il étudie. Au risque de la fausser ? Michèle Finck rappelle ici
justement la perspective qui est celle de son propre livre de 1989 sur
Bonnefoy, un Bonnefoy dont l'œuvre entière doit se comprendre comme une poétique du simple et du sens. (114)
L’objet invisible
Œuvre maîtresse pour Bonnefoy et qui sert de punctum à Michèle Finck. [voir cette photo de Brassaï :L’objet invisible.]
(117).
(on peut lire aussi cette intéressante étude
d’Audrey Bangou, en contrepoint du livre de Michèle Finck).
Bonnefoy et Giacometti
Michèle Finck, in Giacometti et les
poètes, aborde donc maintenant le cheminement critique de Bonnefoy sur Giacometti,
un cheminement qui interrogera à chacun de ses temps successifs une même œuvre :
« L'Objet invisible ». Ce qui va permettre à l’auteur de montrer
l'évolution de la pensée critique de Bonnefoy mais aussi de sa poétique.
→ C'est une des richesses de ce livre que de développer autour et à partir de
ce point focal qu'est Giacometti toutes sortes de constellations critiques. Le
tout finissant par former comme un système planétaire.
L’univers presque originel
Double forte sensation cette semaine : une « photo » des
premiers temps de l’univers, seulement 380 000 ans après le Big Bang, donc
une augmentation considérable de la précision par rapport aux précédentes « images »,
grâce au satellite Planck. Et le bruit
reconstitué (via une compression de millions d’années) de cet évènement.
« C'est tout simplement le portrait le plus ancien et le plus précis
jamais réalisé de notre Univers que vient de dévoiler l'Agence spatiale
européenne (ESA). Réalisé grâce aux mesures du satellite Planck, lancé en 2009, ce planisphère
représente les petites variations de température de la première lumière émise
par notre Univers quand il n'était qu'un bébé de 380.000 ans. Ses premiers mots
en quelque sorte. Ce résultat permet notamment de préciser l'âge de l'Univers
qui prend un coup de vieux de 80 millions d'années: 13,81 milliards d'années. »
(source)
« Le scientifique américain Mark Whittle a reconstitué le mugissement de
l’univers naissant à partir des données d’une sonde de la NASA [...] Il a
commencé dans un silence absolu, suivi d'un gémissement sourd, qui s'est
transformé en rugissement, puis en un crissement assourdissant. Un
"majestueux" accord de tierce majeure a lentement fait place à un
accord de tierce mineure, "plus triste", et ces sons ont donné
naissance à la première étoile. Mark Whittle, de l'université de Virginie, à
Charlotteville, a reconstitué la cacophonie cosmique à partir des données
récoltées au cours des deux dernières années par le WMAP, une sonde de la NASA
qui recense le rayonnement fossile, c'est-à-dire les dernières lueurs émises
par l'Univers brûlant des premiers temps. Les fréquences observées sont bien
trop basses pour être perçues par l'oreille humaine, note le New Scientist.
Il faut les transposer à la cinquantième octave supérieure pour pouvoir les
entendre. » (source)
Le fond du Rhin
Très surprenant reportage sur Arte, à propos du Rhin. Il existe depuis
environ 30 ans un très curieux bateau qui peut amener deux personnes à
travailler sur le fond du Rhin, via une sorte de cloche en surpression d’air dont
le fond n’est pas fermé et qui s’immerge de telle sorte que plusieurs personnes
peuvent aller marcher en sécurité sur le fond du fleuve, y retrouver objets,
voitures, ancres et autres éléments perdus ou disparus. (un article en allemand)
Impression très forte que cette marche sur le lit du fleuve. Onirique :
c’est un peu comme dans un rêve, avec évocation sous-jacente du conte de La Petite Sirène ou bien La Cathédrale Engloutie, si souvent
cette idée d’être habitante des eaux, de pouvoir s’y mouvoir en toute liberté,
sans souci d’air ou de respiration, ces rêveries récurrentes sur des mondes
disparus sous les eaux. Et cette question : pourquoi le fait que ces
hommes marchent en tenue de tous les jours, dans cette sorte de bulle d’air sur
le fond du Rhin produit-il cet effet onirique, infiniment plus puissant que
celui produit par des nageurs en combinaisons de plongée ?
Témoignage
J’ai été bouleversée aux larmes hier par le témoignage du père d’élèves de
l’école juive de Toulouse où trois très jeunes enfants et un adulte furent
assassinés l’an dernier. La façon qu’a eue cet homme de dire que sa vie avait
basculé, qu’il avait perdu tout sentiment de sécurité en France, que désormais
lui et sa femme accompagnaient leurs enfants matin et soir…Ce sentiment qu’il
donnait de n’avoir nul lieu sûr où aller….Sentiment de honte et de désarroi.
Cloches de Notre Dame
J’attendais cet évènement depuis longtemps et avais vu plusieurs reportages
sur la fonderie des nouvelles cloches à Villedieu-les-Poêles ; nous nous
sommes rendus au pied de la cathédrale où nous avons dû attendre longuement,
noyés dans des discours officiels inaudibles, avant d’entendre, très
parcimonieusement, les cloches ; et même lorsque celles-ci ont sonné, en
principe « à toute volée », je n’ai pas été submergée par le son et
l’émotion comme cela m’arrive si souvent à Strasbourg, où le sol vibre et où
toute la place fait cage de résonance. Mais l’atmosphère ambiante était
terriblement saturée de bruit, la circulation très perturbée avec sirènes de
police et d’ambulance, la foule…
Il y a maintenant neuf cloches neuves. Seul
est resté le vieux « bourdon Emmanuel » qu’on a entendu en duo avec
le nouveau « bourdon Marie », tous deux installés dans la tour Sud et
ce fut l’un des rares moments d’émotion, d’entendre sonner la vieille cloche de
1686, une des plus grandes et des plus réputées d’Europe avec la toute nouvelle
cloche du XXIème siècle. Le bourdon Emmanuel donne un fa # et toutes les
cloches ont été accordées à partir de lui
Tête
Ce serait petite tête d'où venue ne sais caillou moulu rond de pierre à
taille d'yeux blotti en paume ni silex à feu ni lance mais conteuse à portée
d'oreille conduite de rêves petite pierre amie.
Rédigé par Florence Trocmé le 24 mars 2013 à 11h16 dans Bribes de Flotoir | Lien permanent | Commentaires (0)
Rédigé par Florence Trocmé le 20 mars 2013 à 12h32 dans photomontages | Lien permanent | Commentaires (0)
Surgissement d’une
présence séparée
Michèle Finck, dans Giacometti et les
poètes, abordant le second mouvement
du livre, explore la relation entre Dupin et Giacometti, ce dernier ayant fait,
elle le rappelle, le portrait du poète (ce qui n’aura été le cas ni pour Celan,
ni pour Bonnefoy). Elle place en tête de sa réflexion un
« alexandrin » de Dupin qui semble concentrer toute sa pensée sur l’artiste :
c’est un « incipit », dit-elle et elle en montre la « valeur
séminale » : Surgissement d'une
présence séparée (62)
Elle va alors dans un long développement qui mobilise aussi bien l’esprit
que l’oreille donner à voir et peut-être plus encore à entendre comment Dupin reçoit l’œuvre de Giacometti. Exploration
notamment de chaînes phonico-sémiques et des couplages auxquels recourt Dupin. Il
y a un « accord liminaire » [surgissement
d’une présence séparée], puis le développement autour notamment de vie / vide / viol /violence. Pages
difficiles, sans concession, où elle montre la violence du poète et de l’artiste,
réduits à cette violence pour pouvoir combler le vide inéluctable entre eux et leur sujet : « un abime
nous sépare, un vide que nous secrétons. » (Dupin, p.74) Dupin en vient à « trouer
ses écrits » sur Giacometti, avec « quatre vocables-foyers de “vie”, “vide”,
“ viol”, “violence” qui en déchirant le texte, l’éclairent par leur force d’irradiation
sonore.
→ Cette approche d’un artiste qui relève du domaine visuel (sculpteur, peintre),
via le sonore est très originale et féconde. C’est une oreille qui est ici au
travail, à l’intersection de l’œuvre de Giacometti et de ce qu’en disent les
poètes. Et vient ici une fois de plus à l’esprit le beau titre de cette
ancienne émission de France Musique : « Comment l’entendez-vous ? »
et non plus seulement « comment le voyez-vous ? », avec en
arrière-plan, présente et solide, une vraie pensée critique et une très grande
connaissance du domaine poétique et artistique.
→ Peut-être qu’un retour à l’écoute et au sonore serait en mesure de
contrebalancer le pouvoir exorbitant des images dans le monde contemporain ?
Une appréhension du monde yeux fermés, dans la tension de l’écoute ?
Dupin médiateur
Intéressant aussi de voir comment le trio des voix, Celan, Dupin,
Bonnefoy, se répond, s’oppose, se complète. Michèle Finck pose Dupin en
médiateur dans le triangle qu’il forme avec Celan et Bonnefoy. Avec Bonnefoy il
partage la présence, avec Celan la séparation.
Sur le visage (Giacometti)
Michèle Finck mobilise souvent les écrits de Giacometti (et ce n’est pas un
des moindres mérites du livre que d’attirer l’attention sur eux et d’en donner
à lire des extraits), par exemple ici sur la question du surgissement encore et du visage,
toujours : « la grande aventure, c'est de voir surgir quelque chose
d'inconnu chaque jour, dans le même visage » (63)
→ travail d’attention à la présence, capacité d’entendre dans la voix, de voir
dans le visage, de percevoir les infimes changements quotidiens. Ceux qui
accumulés insensiblement mais en général non vus, non perçus, donnent ce choc
que l’on peut avoir en regardant des photos anciennes de soi et de ses proches !
Ceux qui photographient sont peut-être sensibles à ce lent glissement du visage
chaque jour vers autre chose.
De l’époque (Marc Dugardin)
Une lettre de Marc :
« Une fois de plus, les propos de “condamnation” de notre époque [...] Ce
que j’ai entendu il y a peu de temps dans une école à Ciney, lors d’une
intervention autour de la poésie, m’a certes confirmé ce qui je crois est
largement constaté : la “baisse de niveau” des étudiants, en tout cas en
ce qui concerne la maîtrise de la langue, la connaissance de la “littérature”,
une certaine “culture générale”. Et les phénomènes de rupture dans la
transmission, que je trouve moi aussi inquiétants. [...] Mais, que peuvent
faire d’autres “les jeunes d’aujourd’hui” (formule que j’entendais rabâcher
déjà dans mon enfance d’ailleurs…) que d’aborder le monde et la vie avec ce qui
leur est légué, dont ils ne sont pas responsables. N’entendraient-ils pas mieux
nos propos s’ils étaient formulés en termes de questions, avec une invitation à
la curiosité réciproque, plutôt que dans un discours pesant de reproches et
d’amertume ? Dans un questionnement qui ne manquerait pas de
souligner aussi ce que notre époque permet de “libérer” (même si c’est parfois
sans discernement), si l’on songe aux oppressions, aux aliénations qui ont pesé
sur l’éducation des générations précédentes. »
→ je me sens parfois tentée de céder à cette tentation du discours sempiternel sur
la dégradation de la culture, (le fait qu’il soit si récurrent à toutes
générations devrait nous alerter). Il faut au contraire toujours continuer
notre boulot de courroies de transmission, sachant que l’art et la culture, à
toutes époques, n’ont concerné que des minorités. Question déterminante : savoir
si quelqu’un qui est dans un milieu très défavorisé sur le plan culturel peut
encore accéder à la culture, comme ce fut le cas pour maints grands artistes
(édifiant parfois de lire les biographies, à cet égard !).
Le front de taille (Fred Griot)
Fred Griot qui poursuit autour de son travail de création (parution toute
récente de Book 0), une importante
réflexion dans ses notes et son journal.
« Ce que je fais m’apprend ce que je cherche » dit Soulages. et
cela illustre ma pensée d’hier, à savoir que le journal, n’est pas projection
ou témoignage à postériori de la recherche, mais le front de taille lui-même, sur
le front de taille de lui-même. (source)
→ et ici souligner une des forces d’Internet qui nous permet mieux que jamais
auparavant de voir le work in progress,
d’avoir accès à la réflexion de celui qui est en train de composer, d’écrire,
de peindre, de développer son art ou sa pensée.
→ comparaison possible avec le flotoir,
front de taille de la recherche, tout
en sachant, en accord avec ce que dit Soulages, que ce que l’on cherche se
dévoile par et dans la recherche elle-même.
Rédigé par Florence Trocmé le 20 mars 2013 à 12h30 dans Bribes de Flotoir | Lien permanent | Commentaires (0)
Rédigé par Florence Trocmé le 19 mars 2013 à 12h32 dans photomontages | Lien permanent | Commentaires (0)
Autour
de Giacometti
Une des choses frappantes, je l’ai déjà soulignée, à propos du livre de
Michèle Finck, Giacometti et les poètes,
est bien le nombre d’études, de textes, de notes que l’artiste a suscités parmi
les plus grands : « Autour de Giacometti se joue l’un des plus
féconds dialogues entre la littérature et les arts au XXème siècle ». Reconnaissance à l'auteur de le démontrer si bien et d'ouvrir tant de perspectives !
Bonnefoy sur Celan
Évoquant la fondation de la célèbre revue L’Éphémère, Bonnefoy a ses mots émouvants à propos de Celan : « Et
Paul Celan qui avait rejoint le petit comité de L’Éphémère nous était un exemple d’exigence, de pensée de la poésie
toujours tendue à l’extrême, un arc qui se brisait quand partait la flèche. »
(Yves Bonnefoy, « Le Siècle où la parole a été victime », in Yves Bonnefoy et l’Europe du XXème siècle,
dir. Michèle Finck, Daniel Lançon et Maryse Staiber, Presses Universitaires de
Strasbourg, 2003, p. 489, cité in Giacometti
et les poètes, p. 47)
→ l’exigence ! Parfois en conflit pour moi avec une forme d’urgence,
urgence à avancer, à partager, au détriment parfois de l’exigence quant à la
forme, quant à la rigueur de la pensée, la profondeur de la recherche.
Et cette exigence de Paul Celan, on voit ici de quel prix elle se paie, la
brisure de l’arc.
Dupin et Giacometti
Le deuxième « mouvement » du livre de Michèle Finck est consacré
au rapport de Jacques Dupin et de Giacometti. Elle y relate l’expérience
fondatrice vécu par Giacometti, la mort de Peter van Meurs, un homme âgé avec
qui, très jeune, il voyageait en Italie et qui mourut subitement : « Reste
à désigner l’origine du “saisissement” constitutif de la création : à
savoir la mort de Van M. Cette mort, centre de gravité de la vie et de l’œuvre de
Giacometti, constitue la ligne de faille par laquelle les poètes de L’Éphémère questionnent le travail du
sculpteur. » (53)
→ Expérience fondatrice pour le jeune homme de 21 ans, parti en voyage dans les
Alpes italiennes avec ce vieil homme : « affronter l’agonie et la
mort de son compagnon [...] dans une chambre d’hôtel de hasard lui fait découvrir
alors, selon ses propres mots, que la mort ce n’est donc que cela : “nul,
dérisoire, absurde. En quelques heures Van M. était devenu un objet, rien [...]
Ma vie a bel et bien basculé ce jour-là” » (54)
→ Mort banale, anonyme et impersonnelle qui fera que désormais Giacometti
percevra le vivant comme “quelque chose de vif et mort simultanément”.
C'est l'expérience du crâne sous la peau, que l'on peut vivre en touchant son
propre visage.
Et Michèle Finck de citer cette phrase terrible de Jean Clair : « Tous
les vivants qu’il allait croiser [...] allaient désormais lui apparaître comme
des spectres, des êtres à la limite des deux royaumes, de véritables morts
vivants » (in Le Nez de Giacometti,
p. 28, cité p.55)
Car « l’inéluctable de la mort de Van M. [...] peut être ressaisi dans une
double perspective : celle du lien entre le “voir” et la “perte” et celle
de la dissemblance entre “ce que nous voyons” et “ce qui nous regarde” comme l’établit
Georges Didi-Huberman : “chaque chose à voir devient inéluctable lorsqu’une perte la supporte [...] et de là, nous
regarde, [...] nous hante.” » (Georges Didi Huberman, Ce que nous voyons, ce qui nous regarde, Éditions de Minuit, 2004,
p. 13, cité p. 56)
→ Comment ne pas penser ici au travail photographique, ce voir avant la perte,
ce voir pendant la perte, ce voir de la perte ? Ce qui est saisi en train
de mourir, de disparaître, que nous tentons de retenir et cela a quelque chose
de désespéré puisque nous savons bien que nous ne rapporterons que du mort et
non du vif. Retenir, ne dit-on pas
cela aussi de ce que nous voulons garder en mémoire. Seule ressource contre l’ensevelissement
quotidien de tout ?
À confronter avec cela : « Sur le visage de la poseuse soudainement
les orbites se creusent, les os saillent et les dents d’une morte luisent dans
la lumière immobile. » (Jacques Dupin, Alberto
Giacometti, textes de 1963, 1978 et 1990 repris dans l’édition Farrago,
1999, p. 94, cité p. 58)
Mais le regard
car « derrière la dureté du crâne et de l’os, à travers le feu du
regard de l’autre, [Giacometti] découvre et fait jaillir la formidable énergie
de la vie » (58)
→ Conscience aiguë mise en évidence par Dupin et Bonnefoy qu'à partir de la
mort de Van M. tout être se dresse sur fond de mort.
Cela que l'on ne devrait jamais oublier pour soi comme pour l'autre. Je me
dresse devant ma mort. Tu il nous nous dressons sur fond de mort. C'est l'aune.
La seule sans doute.
Très passionnante analyse entre la divergence d'approche de l'expérience clé de
la mort de Van M. chez Bonnefoy qui la tire sur un versant positif en un « tour
de force interprétatif caractéristique de sa manière critique » pour en
faire le fondement de la confiance de Giacometti en son destin tandis que pour
Dupin elle reste la découverte de la virtualité de la mort (60 et 61)
De la critique
« [Baudelaire] dépossède le critique d’art du rôle de juger [...] et
lui demande de se soumettre en quelque sorte à l’œuvre, mais avec une intensité
tout à fait nouvelle de disponibilité créatrice, attachée à porter au jour l’intention
profonde du peintre. »
Pierre Bourdieu, Les Règles de l’art.
Genèse et structure du champ littéraire, Éditions du Seuil, 1992, rééd. « Points »,
1998, p. 117-118
(Cité par Michèle Finck in Giacometti et
les poètes, Hermann, 2012, p. 61)
→ remarque extrêmement encourageante, libératrice même, et féconde pour moi,
toujours empêtrée dans la question du jugement. Mais qui intuitivement tend à
procéder de telle sorte que je puisse, de façon certes trop peu informée, « porter
au jour l’intention profonde » de l’auteur.
Comme Till
À qui perd gagne cache-cache et en veux-tu voilà ces deux-là tirent à hue
et dia dialogue exclu cordes à tirer tenter extraction de l'emprisonné eau
huiles gluantes – ici on procède par étouffement ou section nette mais là
résurgence rejet vivace et comme till
pirouette échappatoire.
Rédigé par Florence Trocmé le 19 mars 2013 à 11h55 dans Bribes de Flotoir | Lien permanent | Commentaires (0)