Kaddish et Caccini, Joyce et la comptine antisémite : le monde caché du Quatuor n°4 d’Olivier Greif
Il y eut jadis, sur France Musique sans doute, peut-être sur France Culture, une très remarquable émission dédiée à la musique contemporaine et dont le principe reposait sur une double audition. Première audition, analyse et explications, sans jargon, puis seconde audition qui permettait déjà d’entrer mieux dans l’œuvre. Muzibao n’a jamais pu retrouver le titre de cette émission.
Or, il semblerait que ce principe ait été repris ici, dans une très étonnante et forte émission de Stéphane Goldet, dans le cadre de « Plaisir du Quatuor ». Pendant plus de deux heures, en public, avec l’aide de l’ensemble Syntonia, du pianiste Romain David et de la soprano Maya Villanueva, elle décortique une œuvre très particulière d’Olivier Greif, son Quatuor n°4, intitulé Ulysses. Elle montre ce qu’il doit à Joyce, mais aussi au petit chien des dédicataires, les Raoul-Duval, elle montre, et c’est stupéfiant, comment Olivier Greif a pu superposer un air de Caccini et un chant de kaddish. Elle évoque aussi une redoutable comptine antisémite The Jew's Daughter, incorporée elle aussi dans l’écriture du quatuor.
Pianiste et compositeur Olivier Greif, né en 1950 est mort en 2000. On peut lire une biographie très complète et intéressante sur le site qui lui est dédié. On y apprend par exemple qu’il aurait voulu fonder son Quatuor n°3 sur le poème Todesfugue de Paul Celan, mais qu’il n’y est pas parvenu et a dû choisir un autre texte.
Document audio, durée totale deux heures, un peu plus d’une heure d’analyse avec exemples musicaux et cinquante minutes d’exécution intégrale du quatuor. Écoute par clic sur ce lien.
Anniversaire de la création de Tapiola de Sibelius
Ce 26 décembre 2016, 90ème anniversaire de la création de Tapiola de Sibelius, le 26 décembre 1926, à écouter par exemple ici par N. Järvi.
Tapiola op. 112, poème symphonique de Jean Sibelius, dépeint Tapio, le dieu de la forêt mentionné dans la mythologie finlandaise tout au long du Kalevala. Ce dieu se cache derrière les denses forêts finlandaises de pins qui enveloppent Ainola, la maison isolée de Sibelius en dehors de Järvenpää.
On peut écouter aussi l'oeuvre ici, sous la direction de Paavo Berglund
(Lien de la vidéo)
Là encore de très belles remarques de Richard Millet dans son livre Sibelius, Les Cygnes et le silence. « L’œuvre, d’une vingtaine de minutes environ, est écrite en si mineur mais elle commence par un motif en si dièse mineur qui irradie toute la pièce dont la tonalité garde quelque chose de flottant. Un motif très simple s’y répète sur cinq notes (…) cette personnification de la grande forêt nordique donne lieu à une vision, non à une ode ou à une illustration programmatique (…) Ce qu’évoque Sibelius, au sens le plus profond du mot, c’est le lieu même où l’homme n’a pas de séjour (…) » Richard Millet qui poursuit en disant que Tapiola est une des œuvres les plus marquantes du XXème siècle ». (op. cit. pp. 112 à 114)
Et il y a un peu plus d’un an, France Musique consacrait une nuit à Sibelius, à l’occasion de l’anniversaire de sa naissance le 8 décembre 1865. Nombreux extraits d’œuvres, dans la très belle série d’enregistrements dûs à Leonard Bernstein, à écouter ici (durée totale, 2h).
Et enfin la seule interview de Sibelius, le 6 décembre 1948.
Document audio, sous-titré en anglais, durée un peu plus de 10 mn. Sibelius parle à partir de 2’12. A ouvrir en cliquant sur ce lien.
Merci à Slipped Disc.