Nicolas Dautricourt donne une très belle version de diverses pièces de Sibelius pour violon et orchestre.
Le disque
Si le concerto pour violon de Sibelius(1865-1957) est un vrai tube de la musique classique, au même titre sans doute que son Finlandia ou la Valse triste, il est des pages beaucoup moins connues, beaucoup moins servies par les grands interprètes et c’est à celles-ci que ce très beau disque est consacré.
Véritable découverte, il répertorie l’ensemble des pièces pour violon et orchestre de Sibelius, hors ce fameux concerto. À savoir les Humoresques op. 87 et 89, Deux pièces op. 77, deux Sérénades op. 69 et une Suite op. 117. Il est complété d’œuvres pour violon et piano, Cinq pièces op. 81 et l’op.2 qui comporte trois pièces.
Des pièces très variées, très séduisantes, où le violon brille de tout son éclat et s’exprime dans tous ses registres, du plus brillant au très mélancolique, du grave à l’extrême aigu, virtuose et séducteur.
Les pièces pour piano et violon semblent peut-être un peu moins convaincantes mais en fait si on leur trouve parfois un petit côté « salon » c’est un choix intentionnel du violoniste qui a voulu contrebalancer le côté très sombre de certaines des pièces pour violon et orchestre.
Dans la notice du disque Nicolas Dautricourt assume un « certain dégoût des programmes trop convenus ». En phase avec le label, il propose ici l’exploration de sentiers nouveaux, que les fervents de Sibelius s’empresseront de suivre, mais qu’il faut aussi conseiller à ceux qui sont moins familiers de l’œuvre car voici un superbe disque de violon, avec une prise de son rendant pleinement grâce au violon de Nicolas Dautricourt, un Stradivarius « Château Papa Clément » confié par l’institut culturel Bernard Magrez.
Les œuvres
Les 6 Humoresques op. 87 et 89 furent écrites en 1916-1917. Elles furent crées par Paul Cherkassky. Elles composent en fait un seul ensemble.
La première a des allures de mazurka et annonce la Symphonie n°6 ; la seconde associe un perpetuum mobile et des figures virtuoses à la Paganini ; après la troisième, en forme de gavotte, la quatrième apporte une atmosphère de calme. Virtuosité de nouveau avec la cinquième et retour à l’introspection avec la sixième. (libre traduction du site Sibelius.fi). On note la beauté un peu étrange des premières notes de la première et de la cinquième Humoresque, dont voici le début :
Écouter le début de l'Humoresque de Sibelius,Op. 89 III. No. 3 in E-Flat Major (2'22)
Superbe aussi l’ensemble Cantique et Dévotion op. 77 de 1914 et 1915. Certains ont cru discerner des analogies avec l’adagio de la Symphonie n°7 dans le Laetare anima mea.
Pour qui voudrait suivre la musique des Humoresques en les écoutant, cette version de Salvatore Accardo avec le London Symphony Orchestra sous le direction de Colin Davis, avec la partition déroulante.
Le label
Muzibao souhaite mettre en avant des labels à taille humaine qui ont une véritable politique éditoriale.
La Dolce Volta c’est d’abord une image, une vraie image de marque, avec des disques très soignés, le beau logo en forme de scooter, des pochettes évitant le vilain et fragile plastique au profit d’un vrai étui cartonné, à la couverture vierge de texte mais ceinte d’un bandeau amovible. La Dolce Volta dit vouloir « renouveler la perception du disque » et en faire un objet de luxe (mais il faut noter que les prix des CD du label restent très abordables !)
Quant à la ligne éditoriale, elle repose sur « le lien particulier d’une œuvre et d’un interprète » et chaque disque, dans cette double optique, est conçu comme un vrai objet d’art. Le livret comporte ici un entretien avec le violoniste. Il pourrait encore s’étoffer un peu selon Muzibao, avec une analyse des œuvres et idéalement, la reproduction de certains thèmes musicaux.
Enfin le site du label est très complet et permet notamment d’entendre les 30 premières secondes de la plupart des plages du disque :
Page du disque sur le site de la Dolce Volta
(En revanche la vidéo proposée n’est pas de très bonne qualité sonore et dessert l’artiste plus qu’elle ne le met en valeur !)
Sibelius
la page Sibelius sur Wikipedia, en français, mais Muzibao recommande surtout le très passionnant et complet site Sibelius (en anglais), avec de très belles photos, des analyses d’œuvre, etc.
En français on peut lire aussi le livre de Richard Millet, Sibelius, Les Cygnes et le Silence, paru en 2014, aux éditions Gallimard.
Humoresque ?
L'Humoresque (ou Humoreske) est un genre de musique romantique caractérisé par des morceaux d'humour fantaisiste dans le sens de l'humeur plutôt que de l'esprit. Le nom fait référence à l'Humoreske terme allemand, qui a été donné à partir des années 1800 (décennie) aux contes humoristiques.
Parmi les exemples notables d'humoresque, on note la Grande Humoresque de Schumann en si bémol majeur (op. 20, 1839), et les huit Humoresques de Dvořák (op. 101, 1894), dont le no 7 en sol bémol majeur est bien connu, Scherzo, Humoresque, Adagio espressivo d'Arthur Honegger. (source)
Nicolas Dautricourt
Le violoniste est né en 1977. Il a été notamment l’élève de Tibor Varga ou de Gérard Poulet.
Sa biographie.
Ses projets
Les références du disque
Sibelius, Humoresques
Nicolas Dautricourt, violon
Orquestra Vigo 430, Alejandro Garrido Porras
Juho Pohjonen, piano
Un CD La Dolce Vita, LDV 23