Muzibao évoque ici deux anciens articles, en raison d’enrichissements qu’on peut leur apporter.
Le concerto n° 1 pour violoncelle de Dimitri Chostakovitch avait été proposé (version vidéo) lors de la disparition du grand violoncelliste Henrich Schiff. Muzibao tient aujourd’hui à relayer une nouvelle initiative de la revue Crescendo, des analyses fouillées mais accessibles à tous de grandes œuvres musicales. Voici par exemple une belle note sur ce Concerto pour violoncelle n° 1 de Chostakovitch. Avec de très nombreux exemples musicaux et les principaux thèmes. Lien de l’article de "Musiques en Pistes" (revue Crescendo)
Les exemples musicaux sont extraits d’une interprétation de Mstislav Rostropovich qu’on peut écouter ici jouer l’ensemble du concerto Lien du document avec partition déroulante - durée 27’22.
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Autre prolongement des articles de Muzibao, cette page en anglais du site "Interlude" sur les Ondes Martenot On peut relire l’article de Muzibao sur les Ondes Martenot, le Thérémine, etc. Muzibao propose aujourd’hui un bel article (en anglais) de l’excellent site Interlude, avec une pièce très peu connue d’Olivier Messiaen pour piano et Ondes Martenot (vidéo) et le concerto pour Ondes Martenot d’André Jolivet Lien de la vidéo, durée 25 mn environ
Muzibao publie le 4ème chapitre du feuilleton de Jean-Paul Louis-Lambert, "mettre le numérique en musique"
Épisode 4 : Qu'est-ce que mon oreille entend ? Des fréquences ? Ou des timbres ? Résumé : quand on aime écouter de la musique, pas obligatoirement « classique », les évolutions récentes sont bien perturbantes : Numérisation & digitali(s/z)ation, Compression, kilohertz (kHz) & Binary digit (bit), Numérique & Audio — ou Analogique ? Télévision numérique terrestre (TNT), phénomène physique & signal analogique, sillon, capteur & transducteur, pavillon acoustique et microphone, pression de l'air et courant électrique, hertz et cycle par seconde, pulsation, fréquence & spectre, musique spectrale, note pure, son complexe & timbre, vibration de l'atmosphère, tympan & organe de Corti, fréquence & amplitude, note & force, attaque, La3 à 440 Hz, maintien & décroissance, son stationnaire et sinusoïde pure, fondamental & harmoniques, fréquences & ondelettes, Yves Meyer & Ingrid Daubechies, bande passante, déformations et distorsions, fréquence d'échantillonnage et quantification, puissance de la pression, perception des sons & échelles logarithmique, pascals & décibels, fichiers numériques à Haute Résolution, échelle linéaire & échelle logarithmique, discrimination, … qu'est-ce que c'est ?
Le jardin enchanté André Hirt, "Chronique du 20" mai 2017
Même s’il n’existe peut-être pas de musique du bonheur, le bonheur de la musique est sans conteste. On rapporte de nombreux côtés et de diverses manières (Schubert, Adorno par exemple), sur des modes plus ou moins directs ou allusifs, que la musique est nécessairement triste, que son expression est celle du malheur et que la nostalgie est son sentiment premier. La part de vérité de ce jugement n’est pas en cause, mais son contenu est-il bien compris ? Ainsi qu’est au juste cette tristesse dont la musique serait porteuse ? Constitue-t-elle réellement le pendant du bonheur dont on a par ailleurs l’intuition qu’il ne peut pas ne pas, et tout autant, appartenir à la musique ? En effet, ne serait-ce que dans ses usages et ses pratiques, quelle qu’elles soient, la musique console, réconforte, accompagne les douleurs et les peines, met pour ainsi dire en forme ou objective nos affects les plus profonds et les plus insaisissables. Loin d’être, seulement, ainsi peut-on le croire et le dire, ce morceau de musique dans lequel on se reconnaît, elle nous prend à cette occasion en écharpe et nous transporte, comme si elle n’était jamais qu’une grande métaphore vivante.
Cette chronique est proposée au format PDF, à ouvrir d’un d'un simple clic sur ce lien, afin d’être plus facile à enregistrer et à imprimer.
Épisode 3 : Compression ? Numérisation ? Les Mots qui tuent
Résumé : quand on aime écouter de la musique, pas obligatoirement « classique », les évolutions récentes sont bien perturbantes : « Numérisation », « Compression » , compression (informatique) avec pertes (Lossy) & Compression (informatique) sans pertes (Lossless), Bande Passante, électro-acoustique, sans connectique & avec connectique, Disque dur & clef USB, ADSL & téléchargement, FLAC (Free Lossless Audio Codec) optimisé, ALAC & WMA Lossless, CD & PCM, gigaoctets & téraoctet, DVD classique à une couche & DVD à deux couches, Bluray, MP3 – 320 kb/s & débit binaire, microsillon (vinyle), analogique & numérique, graves (basses fréquences) & aigus (hautes fréquences), renforcer (amplifier) les aigus & atténuer les graves, filtres passe-bas & filtres passe-haut, norme internationale RIIA & courbe de correction RIAA normalisée, bruits de 150 db, dynamique de 100 db, bruit de fond, sons trop forts & sons trop faibles, fréquences & hauteurs, puissance & sonie, amplification des sons à bas niveau & atténuation des sons à haut niveau, Compression dynamique pour microsillon & préampli phono, maximisation, musique & publicité, ALAC & WMA Lossless, logiciels VLC & Audacity, visualisation des signaux & spectres de fréquences, signal analogique, Flac & WAV (PCM), vers la Haute Résolution,... … qu'est-ce que c'est ?
Pourquoi en écoutant Philippe Hersant (introduction de Songlines, 1 ou de Songlines, 3), la gorge se serre-t-elle et l’émotion envahit-elle ? Le compositeur a écrit cet ensemble en cinq mouvements en 2007 après avoir lu le fameux livre de Bruce Chatwin, Songlines, qui a permis au plus grand nombre de découvrir l’existence d’un labyrinthe de sentiers invisibles sillonnant tout le territoire australien. Les Européens les appellent itinéraires chantés ou pistes des rêves, les Aborigènes parlent eux d’empreintes des ancêtres ou de chemins de la loi. Philippe Hersant cite encore Bruce Chatwin dans le livret du CD : « les mythes aborigènes de la création parlent d’être totémiques légendaires qui avaient parcouru tout le continent au Temps du Rêve. Et c’est en chantant le nom de tout ce qu’ils avaient croisé en chemin -oiseaux, animaux, plantes, rochers, trous d’eau- qu’ils avaient fait venir le monde à la création ». Peut-on imaginer plus belle métaphore de la création et ici singulièrement de la création musicale, qui ferait ainsi venir le monde au monde ! Les instruments, piano, flûte, percussions, contrebasse, clarinette, violoncelle, trombone de l’Ensemble Zelig chantent et inventent un monde. Un monde qui nous semble étrangement familier et qui nous bouleverse.
Vient ensuite une pièce pour piano, tout aussi mystérieuse et envoûtante, in Black, interprétée par Cédric Tiberghien. Cette fois le compositeur se réfère à Anton Tchekhov racontant l’histoire d’un moine, vêtu de noir, qui vivait il y a 1000 ans mais que beaucoup croient voir ici ou là depuis ce temps-là, comme une sorte de mythe multiplié à l’infini. De cette pièce, Philippe Hersant dit qu’elle est une sorte de « satellite » de son opéra Le Moine noir, centré précisément autour du moine de Tchekhov et de ses avatars. Les références sont multiples, outre Tchekhov, le peintre Malevitch mais aussi le Liszt de Funérailles ou les chants religieux orthodoxes. À l’image des multiples incarnations, réelles ou rêvées du moine, la musique semble fourmiller d’échos, de résonances et dresse sans cesse des ponts entre mondes et temporalités. (1)
La sonate pour violoncelle (2003) est composée de quatre mouvements, très contrastés, allant de « Résolu » à « Obsédant » en passant par « Expressif » ou « Furtif ». Belle interprétation de Romain Garioud. L’oreille est constamment sollicitée par la musique dans la musique, le passage de fantômes musicaux, thèmes ou airs anciens, chants juifs peut-être ou des pays de l’est de l’Europe.
Puis ce sont Six Bagatelles pour clarinette, violoncelle et piano. Six microcosmes à l’image de la ruche qu’Emily Dickinson évoque dans Within that litte hive… Autant de petites entités riches, mais de très brève durée, ce qui permet à l’attention de rester complètement réceptive à ces créations scintillantes. Une ambiance se fait jour mais elle ne s’éternise pas et se referme pour laisser place à une autre dimension imaginaire.
Le disque se clôt sur un ensemble de lieder d’une vingtaine de minutes, In die Ferne, cycle de huit mélodies toutes écrites sur des poèmes allemands : textes de Trakl (poète de prédilection de Philippe Hersant), Heine, Goethe, Brentano, Hölderlin, Eichendorff, la plupart ayant pour thème la mort et remarquablement interprétés pas le baryton Matthieu Lécroart et la pianiste Alice Ader.
Ce très beau disque permet d’envisager plusieurs facettes de l’œuvre de Philippe Hersant et de prendre la mesure de ses sources d’inspiration, tout particulièrement littéraires.
RESSOURCES :
→ Songlines ○ Courte vidéo en anglais sur les songlines des Aborigènes
○ On peut aussi regarder cette émouvante vidéo de quelques minutes (en anglais) où un vieil aborigène qui sait ses jours comptés emmène son petit-fils sur la trace d’un songline pour lui transmettre son savoir.
→ Philippe Hersant ○ Un très bel entretien vidéo avec Philippe Hersant à propos de la commande de Tristia par Theodor Currentzis. opéra choral sur des textes de détenus français et russes ?
○ Des extraits de Tristia ici avec Teodor Currentzis & le Choeur MusicAeterna. Philharmonie de Perm (Russie), Festival Diaghilev, 22 juin 2016. Textes de prisonniers russes (Anonyme - Tanyguin - Varlam Chalamov - Sonia Chilova)
Lien de la vidéo ; durée : 11’36 Muzibao recommande en particulier le n°29 sur un texte de de Sonia Chilova à 8’39. En écouter le début :
Notes 1. On peut citer ici une thèse consacrée à Philippe Hersant et dont l’intitulé est « Une esthétique du souvenir dans la musique de Philippe Hersant ; Poésie sonore, résonance, forme » Thèse de Doctorat en Musicologie de Jean-Marc Bardot (Université Jean Monnet, Saint-Etienne) - Novembre 2006
Références Philippe Hersant (né en 1948), Song Lines. Songlines, In Black, Cello Sonata, Six Bagatelles pour clarinette, violoncelle et piano, In die Ferne. Ensemble Zelig, Cédric Tiberghien et Alice Ader, piano, Romain Garioud, violoncelle, Matthieu Lécroart, baryton. Un CD Megadisc Classic MDC7872, temps total : 68’48. Livret en anglais et français, textes des poèmes en allemand, anglais et français.