« Écrire la musique »
Chronique du 20
André Hirt
Septembre 2017
André Hirt donne ici une dernière « Chronique du 20 ». Elle servira de préface à cet ensemble de chroniques qui se sont échelonnées depuis quelques mois sur le site et qui seront rassemblées sous le titre « L’Existence musicale ».
En voici le début :
« On croit qu’il faut traduire la musique en mots et jamais on ne se demande pourquoi il ne faudrait pas transcrire les mots en musique (ainsi le passage de la « communication » à la littérature). On croira encore qu’écrire la musique – sur elle, à propos d’elle – consiste à en délivrer la signification, dans le présupposé que cet art ne serait que privatif, l’absence en tout point regrettable, signe d’une insuffisance originaire, de toute verbalisation. Que croira-t-on encore, sans doute, entre son et langage, musique et littérature, que les arts – appelons ainsi ces pratiques de figurer la pensée et l’expression, celles de ne pas démontrer, mais de montrer, d’imaginer et de représenter, d’exalter et de toucher, de transformer et de transfigurer, de passionner et de sacraliser, d’interroger et d’affirmer – sont des manifestations bien rudimentaires, en fin de compte simplement documentaires de ce qu’on entend par « homme » ? En droite ligne de ce dernier aspect, même les esprits les plus subtils sont amenés à considérer que ces pratiques artistiques sont après tout, malgré leur essentialité et leur propriété purement humaines, et dans un autre ordre parfois leur prestige, des témoignages certes décisifs de la pensée, mais dans l’absolu inférieurs à ce que l’Occident aura su produire, exemplairement dans l’ordre de la technique et de la science. En tout cas, de nos jours, tourisme et industrie culturelle servent à démontrer à l’inverse leur inessentialité et leur futilité à l’égard de ce qui fait réellement courir le monde. Un divertissement donc, ou, au mieux, un supplément d’âme pour quelques-uns, qui apparaissent nombreux mais qui ne sont que peu si on les considère à l’aune des habitants du monde. » (pour lire la suite cliquer sur le lien bleu, ci-dessous)
Cliquer sur ce lien pour ouvrir la chronique intégrale, donnée ici en version PDF, plus facile à enregistrer ou à imprimer.
Image : Le thème du dernier mouvement de l’ultime quatuor de Beethoven, le quatuor à cordes no 16 en fa majeur, op. 135, avec la fameuse mention « Muß es sein? Es muß sein! » (« Le faut-il ? Il le faut ! »).