Denis Raisin Dadre et son ensemble Doulce Mémoire se sont lancés dans un projet passionnant autour de Leonard de Vinci dont on célèbre cette année le 500ème anniversaire de la mort. Ce travail donne lieu à un coffret publié par Alpha (distribution Outhere).
« Joueur très fameux de lira da braccio, ,Leonard de Vinci est cité par Vasari comme le plus grand improvisateur de son temps de vers accompagnés de son instrument. Le côté expérimental de cette pratique évoque la composition instinctive (componimento inculto) par laquelle Léonard théorise sa pratique graphique: comme les poètes qui n’hésitent pas à faire des ratures dans leurs poèmes, il n’hésite pas à esquisser ses idées en toute liberté, sans souci de la correction des formes.
La pratique intensive de la musique par Léonard a sans aucun doute eu une influence sur sa façon de peindre. Vasari raconte par ailleurs qu’il faisait venir des musiciens et des chanteurs pendant qu’il peignait la Mona Lisa afin de créer une ambiance joyeuse.
Doulce Mémoire, qui se consacre depuis 30 ans à la musique de la Renaissance, a décidé de lui rendre hommage. Son directeur et fondateur, Denis Raisin Dadre, spécialiste de la musique de cette époque et grand amateur d’art, a conçu un programme original :"plutôt que seulement jouer de la musique du temps de Léonard, je suis parti des tableaux eux-mêmes. J’ai travaillé sur ce que pouvait être la musique secrète des peintures, quelles musiques pouvaient suggérer ces tableaux… ". Chaque tableau révèle ainsi un univers musical qui lui est propre.
Il a choisi une quinzaine de tableaux, dont beaucoup sont au Louvre : Le baptême du Christ, L’annonciation, La vierge aux rochers, Portrait d’Isabelle d’Este, La belle ferronnière, Sainte Anne, le Saint Jean-Baptiste… et bien sûr La Joconde - qu’il a mis en correspondance avec des musiques de Jacob Obrecht (1457-1505), de Josquin Desprez (1450-1521), des laudes consacrées à l’annonciation, des frottole, des chants sur des textes de Pétrarque, accompagnés par la lira da braccio… "Le projet s’appuie sur deux démarches, une subjective puisque c’est un choix personnel qui préside à la sélection des musiques retenues, et une parfaitement scientifique puisque les musiques correspondent parfaitement aux dates et aux lieux de création des tableaux.".»
Un riche livret accompagne cet enregistrement, avec la reproduction des tableaux de Vinci et des détails qui permettent d’entrer dans leur intimité. Les textes de Denis Raisin Dadre ainsi qu’une interview croisée avec Vincent Delieuvin, commissaire de l’exposition au Louvre (24 octobre 2019 - 24 février 2020), éclairent ces choix.»
Regarder la vidéo de présentation du projet :