Un programme de rêve et on ne croit pas si bien dire ! Entre l’ouverture majestueuse, encore tellement inspirée par la Nuit transfigurée, de la première Symphonie de chambre et les Fünf Sätze, Op.5 de Webern qui mettent l’écoute et la pensée avec elle en lévitation, on pénètre, comme très rarement, grâce à ce monument vivant de la musique qu’est Heinz Holliger et l’Orchestre de Chambre de Lausanne, dans la seconde École de Vienne, évidemment, mais d’abord dans une musique d’une clarté, d’un diamanté et d’une franchise (on dira une dimension affirmative) sans doute sans égale depuis Bach. Certes, le romantisme est encore là, sensible, Mahler également, mais surmontés, assimilés, adorés dans ce qu’ils ont apporté de meilleur à la musique, à savoir un approfondissement et un éclairement, plutôt qu’un assombrissement, des couches et des méandres de l’âme.
Heinz Holliger est presque majestueux dans sa capacité de clarté. Avec lui, la musique respire, se spatialise, devient intelligible. Aucune ruse, aucun truc, seulement l’exposition de la composition musicale. La logique des partitions est rendue manifeste et atteint un niveau, c’est l’essentiel, sur lequel l’intellect et la sensibilité ne font plus qu’un. N’est-ce pas là la vérité, ce vers quoi ils ont toujours tendus, et de Schönberg et de Webern ?
Les Fünf Sätze de ce dernier atteignent certainement, c’est tout l’esprit de sa musique, une dimension mystique, d’envolée métaphysique en tout cas qu’on n’a jamais perçue à ce point.
© Le choix de André Hirt
Pour celles et ceux qui entendent l’anglais, Heinz Holliger parle ici des compositeurs et des compositions du XX° siècle. Un concert suit.
Schönberg, Kammersymphonie, Op.9 ; Sechs Kleine Stücke, Op. 19 (arr. Holliger) ; Webern, Symphonie, Op.21 ; Fünf Sätze, Op.5.
Orchestre de Chambre de Lausanne, Heinz Holliger.
Fuga libera Outhere (une très belle édition quant aux textes de présentation et aux images)