Mon cerveau s’enflamme, surtout si on ne me dérange pas. Ça pousse, je le développe de plus en plus, toujours plus clairement. L’œuvre est alors achevée dans mon crâne, ou vraiment tout comme, même si c’est un long morceau, et je peux embrasser le tout d’un seul coup d’œil comme un tableau ou une statue. Dans mon imagination, je n’entends pas l’œuvre dans son écoulement, comme ça doit se succéder, mais je tiens le tout d’un bloc, pour ainsi dire. Ça, c’est un régal ! L’invention, l’élaboration, tout cela ne se fait en moi que comme un rêve magnifique et grandiose, mais quand j’en arrive à super-entendre ainsi la totalité assemblée, c’est le meilleur moment. Comment se fait-il que je ne l’oublie pas comme un rêve ? C’est peut-être le plus grand bienfait dont je doive remercier le Créateur.
W.A. Mozart, in J. et B. Massin, Wolfgang Amadeus Mozart, Paris, Club français du Livre, 1959, p. 474.
Le choix de André Hirt