« Il comparait souvent la peinture à la musique, et pour acquérir une compréhension encore meilleure de la valeur et de l’échelle des sons, il prit des cours de piano chez un vieux maître de musique, qui était […] aussi organiste. Mais ça ne dura pas, car comme Van Gogh, pendant les leçons, comparaît toujours les sons du piano à du bleu de Prusse et à du vert foncé, ou de l’ocre foncé tirant sur le cadmium clair, le brave homme pensait avoir affaire à un fou et se mit à avoir si peur de lui qu’il cessa ses cours. »
Témoignage d’Anton Kerssemakers en 1912, cité dans :
Johanna Van Gogh-Bonger, Verzamelde Brieven van Vincent Van Gogh, Wereldbibliotheek, Amsterdam-Anvers, 1952-1954.
« Et dans un tableau je voudrais dire quelque chose de consolant comme une musique. Je voudrais peindre des hommes des femmes avec ce que je ne sais quoi d’éternel, dont autrefois le nimbe était le symbole, et que nous cherchons par le rayonnement même, pour la vibration de colorations. »
Lettre de Vincent Van Gogh à son frère Théo, n° 531, passage supprimé (pourquoi ?) dans l’édition Gallimard de Vincent Van Gogh, Lettres à son frère Théo, trad. Louis Roëdlandt, 1988.
(On relève la très fâcheuse habitude de l’édition française en général de caviarder ainsi les livres…. Cf. par exemple la calamiteuse édition du Journal de Thomas Mann, toujours chez Gallimard, dans laquelle ce qui est important, parce que cela participe de l’élan de la création, est supprimé et où l’inessentiel, l’anecdotique, se trouve ainsi mis en valeur).
« Ce que je cherche là-dedans et pourquoi il me semble bon de les copier, je vais te tâcher de te le dire. On nous demande à nos autres peintres toujours de composer nous-mêmes et de n’être que compositeurs.
Soit, – mais dans la musique il n’en est pas ainsi, – et si tel personne jouera du Beethoven, elle y ajoutera son interprétation personnelle, – en musique et alors surtout pour le chant, – l’interprétation d’un compositeur est quelque chose, et n’est pas de rigueur qu’il n’y a que le compositeur qui joue ses propres compositions.
Bon, moi surtout à présent étant malade, je cherche à faire quelque chose pour me consoler, pour mon propre plaisir. »
Op. cit. Lettre 607, p. 528.
Image : Vincent van Gogh, Jardin en fleurs. (Domaine public).
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