La discothèque de Gérard Pesson Un podcast de la Radio parfaite, diffusée à l’occasion du Printemps des Arts de Monte-Carlo, une émission de la série « dans la discothèque de… », ici celle du compositeur Gérard Pesson : Dans la discothèque de Gérard Pesson
La mort de Pierre Bouteiller Une belle page d’hommage de France Musique à celui qui fut son directeur (et dota le nom de la station d’un S, France Musiques). La radio met en avant deux grands entretiens réalisés par Pierre Bouteiller, l’un avec Henri Dutilleux (29 novembre 1998) et l’autre avec Pierre Boulez (28 mars 1999).
Une émission d’Omar Corlaix Une très intéressante traversée d’œuvres de Debussy, Philippe Hurel, Hugues Dufourt et Philippe Leroux, avec Guillaume de Machaut, orchestrée par Omar Corlaix. Lien vers l'émission.
Dans la discothèque de W. Latchoumia Muzibao a déjà évoqué l’excellente Radio parfaite, mise en œuvre par David Christoffel pendant le temps (en fait un peu avant et après) le Printemps des Arts de Monte Carlo. Certaines émissions sont proposées à la réécoute, sur Soundcloud, gratuitement. Voici par exemple une promenade dans la discothèque du pianiste Wilhem Latchoumia. (lien vers l'émission)
La mort de Kurt Moll On a appris hier après-midi, 6 mars 2017, la disparition du grand chanteur allemand (basse) Kurt Moll. Il en a été longuement question, avec plusieurs extraits, au début de l’émission En Pistes de France musique ce mardi 7 mars 2017 On peut lire aussi cet article, toujours sur France Musique
Un article de Michel Chion Le compositeur et musicologue Michel Chion publie régulièrement des textes passionnants sur son site. Dans le tout dernier paru, il s’interroge sur les sens, la perception. Avons-nous seulement cinq sens ? Voici ce qu’il écrit, au début de son article, intitulé "mal-division sensorielle" : « Vous voyez cette image fixe ? Elle est extraite d'un plan du merveilleux film de Paradjanov Les Chevaux de feu, 1964. Ce qui se trouve derrière les marguerites filmées en contre-plongée, ce ne sont pas seulement deux enfants qui dansent ensemble, mais aussi, caché par la plus grande, le soleil. Un peu de vent fait que la fleur bouge sur sa tige, et que le soleil apparaît et disparaît. J'appelle cela un événement de lumière, et suis convaincu que c'est une des premières sensations prégnantes de la vie, lorsque le nouveau-né voit, c'est-à-dire, croit-on savoir maintenant, tout de suite, même si c'est encore confusément et sans couleurs. Il suffit d'ailleurs d'être cloué au lit quelque temps, par une maladie grave ou non, pour retrouver l'importance archaïque des événements de lumière. (source)
Une bande son pour un film de Murnau Muzibao ne se refusera pas de publier de temps à autre des liens vers des musiques qui sortent un peu du strict champ de la musique classique et contemporaine. Voici par exemple, disponible gratuitement sur le site Soundtrack la bande sonore composée par Christine Ott, pianiste et spécialiste des Ondes Martenot, pour le film Tabou, de F.W. Murnau, qu'elle a accompagné dans le cadre d'une tournée de ciné-concerts On peut aussi regarder cette vidéo avec un extrait d’une représentation, film de Murnau et Christine Ott au piano puis aux Ondes Martenot.
Une mélodie de Sibelius orchestrée par Einojuhani Rautavaara Dans "en Pistes" (France Musique) du lundi 6 mars 2017, un disque Sibelius avec une magnifique mélodie, in the stream of Life (orchestration d'Einojuhani Rautavaara) : n°5 (prendre à environ 1h13 pour écouter la présentation…) : lien vers l'émission
Betsy Jolas Les grands entretiens de France Musique sont dédiés toute cette semaine à Betsy Jolas. Épisode 1, environ 30'. « Une famille remarquable » Une vidéo présente sur le site de France Musique : Betsy Jolas parle notamment de Pierre Boulez. Une très belle pièce pour alto et violoncelle : Lien de la vidéo, durée 4’18.
Inauguration de la salle Pierre Boulez Saal de Berlin Une nouvelle salle de concert à Berlin, La Salle Pierre Boulez (Pierre Boulez Saal) est inaugurée ce 4 mars 2017.
→ Lire cet article en anglais, avec interview de l’architecte Frank Gehry et de Daniel Barenboim qui est à l’origine du projet de cette salle ovale dédiée à la musique de chambre. On peut aussi regarder cet entretien (également en anglais) avec l’architecte et voir des images du chantier : vidéo Viméo (un peu plus de trois minutes.)
→ La salle est inaugurée aujourd’hui avec un concert de trois heures retransmis sur Arte Concert. « Pour célébrer l’inauguration de la salle Pierre Boulez à Berlin, Daniel Barenboim réunit un florilège d’artistes qui illustrent musicalement la philosophie de ce nouveau lieu de concerts : faire se côtoyer des œuvres classiques, des chefs d’œuvre du début du XXe siècle et des morceaux contemporains, source d’enchantement et d’inspiration du public comme des instrumentistes. Anna Prohaska et Jörg Widmann interprètent avec Daniel Barenboim le lied élégiaque Der Hirt auf dem Felsen de Schubert. Daniel Barenboim et les musiciens du Boulez Ensemble interprètent le quatuor pour piano de Mozart. Karim Said et Michael Barenboim (lire cette interview du violoniste) exécutent le concerto de chambre d’Alban Berg. Jörg Widmann présente sa Fantaisie pour clarinette solo. En hommage à Pierre Boulez, la soirée commence avec sa composition Initiale aux accents de fanfare et s’achève avec sur Incises, une œuvre pour trois pianos, trois harpes et trois percussions Au programme Pierre Boulez : Initiale Franz Schubert : Der Hirt auf dem Felsen (Le Pâtre sur le rocher) D 965 Wolfgang Amadeus Mozart : Quatuor pour piano en mi bémol majeur KV 493 Alban Berg : Concerto de chambre pour piano et violon avec 13 instruments à vent Jörg Widmann : Fantaisie pour clarinette solo Pierre Boulez : sur Incises Le concert sera également diffusé sur Arte le 5 mars : la première partie à 18 h et la deuxième partie à 00h20
Dans le blog de Claude Samuel Claude Samuel dans son blog écrit à propos de l’affaire de la maison-musée de Maurice Ravel, à Montfort l’Amaury : « Ce que je remarque, c’est moins "le chef-d’œuvre en péril" que l’empressement de la presse à commenter cet événement musical majeur. "Le monde de la musique classique est en émoi",lance Le Figaro. Il ne faut tout de même pas exagérer. J’ai jadis suffisamment bataillé pour savoir que les rédacteurs en chef les plus sourds se délectent de ces mésaventures, ce que j’avais fait remarquer à l’un de mes supérieurs :"Si Rubinstein donne un admirable récital, il a droit, au mieux, à vingt-cinq lignes dans la page culture. Si Rubinstein se casse la jambe en entrant sur scène, il sera le lendemain à la une" » (source) On peut lire dans ce même article une belle allusion à la soirée Adami Jeunes Talents aux Bouffes du Nord.
Les 88 ans de Bernard Haitink Le grand chef néerlandais est né le 4 mars 1929 à Amsterdam. Vidéo du jour : Janine Jansen (violon), Bernard Haitink (direction), Chamber Orchestra of Europe, Concertgebouw Amsterdam dans le concerto de violon de Brahms. lien de la vidéo, durée 46’30.
Muzibao attire l’attention de ses lecteurs sur « La Radio Parfaite ». Titre au second degré bien sûr, choisi par David Christoffel qui anime et conçoit ce très riche programme diffusé par et pendant (un peu avant même !) Le Printemps des Arts de Monte-Carlo qui se tient cette année du 17 mars au 8 avril 2017.
Parmi les émissions phares de cette radio, « Dans la discothèque de… » (en direct de 7h à 10 h, mais toutes les émissions sont podcastables et réécoutables) avec par exemple ce 4 mars 2017, la violoncelliste Camille Thomas et le 5 mars, le pianiste Wilhem Latchoumia. Il est toujours très instructif et passionnant de savoir et comprendre quelles musiques écoute tel ou tel musicien, tel ou tel artiste
À noter aussi des nuits à thème, par exemple la nuit des Ondes Martenot (voir cet article de Muzibao) ou une nuit consacrée à l’ensemble Doulce Mémoire.
Une belle initiative à signaler également dans le cadre de cette Radio, un retour des collégiens et lycéens de la région de Monaco qui écrivent quelques impressions à l’écoute des disques spécialement offerts par le Printemps des Arts de Monte-Carlo. L’émission est ponctuée de poèmes extraits de la phonothèque du Centre international de poésie de Marseille. (tranche horaire 15h-18 h)
La vidéo du jour Wilhem Latchoumia, soirée à Grenade, document vidéo, lien de la vidéo, durée 1h04. Muzibao reviendra prochainement sur le dernier disque de ce pianiste, paru à la Dolce Volta et dédié à des œuvres de Manuel de Falla
Programme Félix Maximo Lopez : "Variaciones del Fandango español" Mateo Albeniz : Sonate en ré Claude Debussy : "Une soirée dans Grenade" Padré Antonio Soler : Sonate en ré Manuel de Falla : Danse espagnole n°1, extrait de "La Vida breve" I Serenata andalusa I Homenage Debussy I Fantasia baetica Alberto Ginastera : Trois danses argentines Christian Lauba : "Tumbao"
La revue de presse de Muzibao, sites et articles :
1. Les cours au Collège de France de Philippe Manoury Thomas Lacôte, organiste et compositeur, anime aussi un très beau blog. Son dernier article est un écho aux cours de Philippe Manoury au Collège de France, qui viennent de débuter On peut écouter le 3ème cours, ici, sur le site du Collège de France : Cours 1 et cours 2.
2. Revue de presse, Classica, février 2017 Au sommaire du magazine Classica du mois de février, plusieurs excellents articles : • Les écrivains compositeurs. « De nombreux écrivains osèrent s’essayer à la musique. Machaut, Rousseau, Hoffmann, Nietzsche, Garcia Lorca, Savinio, Bowles, Burgess »…. → Chacun des écrivains ici cité voit sa relation à la musique et son activité de compositeur étudiées sur une page ou une demi-page, de manière fouillée (article de Romaric Gergorin). • Un entretien avec Lucas Debargue Il se multiplie, le jeune pianiste soudain propulsé sur le devant de la scène par sa prestation du concours Tchaïkovski à l’été 2015. Mais sa personnalité est suffisamment forte et intéressante pour qu’il arrive à enrichir chacun des très nombreux entretiens qu’il donne. Il est ici interrogé par Stéphane Friédérich. Bref extrait : « la vraie liberté n’est ni politique, ni spirituelle : elle s’obtient par le langage, qu’il s’agisse de littérature – la discipline la plus difficile – de danse, de peinture, de musique, etc. Travailler son langage fait émerger un style, donc une respiration dans le flot de nos pensées. Un artiste doit en principe discerner ce qui est important de ce qui ne l’est pas. Il est un trafiquant de souvenirs, en quête de l’émotion juste. » Lucas Debargue, Classica, février 2017, p.63) • Un beau portrait de Jean Françaix par Benoît Duteurtre : « le compositeur est tombé dans l’indifférence de la France qui l’a vu naître, alors qu’il rayonne partout dans le monde. » Une courte vidéo de France 3, en 2012.
On peut aussi écouterL’Apocalypse, oratorio fantastique en trois parties, pour 4 soli, chœurs mixtes et orchestre de 1939 (document audio, environ 60 mn). → toujours dans ce numéro 189 de Classica, février 2017, 7,90€ avec un CD) un article de plus de huit pages consacré au ténor allemand Jonas Kaufmann, des portraits de Vladimir Horowitz (un substantiel extrait de l'essai de Jean-Jacques Groleau, Horowitz, l'Intranquille récemment paru chez Actes Sud ou encore et un texte émouvant d’André Tubeuf sur Fritz Busch.
3. Grand plan d’extension pour Tanglewood. Toutes les nouvelles concernant les grandes structures musicales ne vont pas dans le sens du déclin, de la déshérence ou d’un rétrécissement des budgets ! Pour preuve les projets de Boston pour le fameux site Tanglewood, résidence d’été du BSO. article en anglais
4. La mort du chef d’orchestre Stanislaw Skrowaczewski Un grand article sur le blog de Jean-Pierre Rousseau, sur la disparition de ce grand chef d'orchestre,avec d’extraordinaires pochettes de disques noirs et une vidéo où l’on voit le chef diriger la 9ème Symphonie de Bruckner (document vidéo, un peu plus d'une heure)
Vingt fois sur le métier… Belle découverte que celle du blog de Jean-Pierre Rousseau. Il a compilé sur le thème « vingt fois sur le métier » une belle collection de vidéos de répétitions d’orchestre avec notamment Carlos Kleiber, Karl Böhm et Herbert von Karajan.
Le Philharmonique de Vienne sur ce même site, une page consacrée au Philharmonique de Vienne à l’occasion de la publication du livre Le Philharmonique de Vienne, biographie d’un orchestre, de Christian Merlin (Buchet-Chastel)
Florian Noack Un article de la revue Crescendo : découverte d’un musicien et d’un pianiste : Sergei Lyapounov / Florian Noack. À propos de Florian Noack et de son amour des répertoires alternatifs, ce document vidéo de 2 mn environ.
Florian Noack déjà cité dans cet article de Muzibao. Belle présentation de son goût et art de la transcription dans cette vidéo, avec notamment à 4 mn, Le Lac des Cygnes de Tchaïkovski.
Florian Noack est né en 1990 à Bruxelles. Il a commencé à étudier le piano à l’age de 4 ans, et, à 12 ans, est entré à la Chapelle Reine Élisabeth ans le cycle pour Jeunes Talents Exceptionnels, où il a étudié avec Yuka Izutsu. Il poursuit ensuite ses études à la Musikhochschule de Cologne auprès du pianiste et compositeur russe Vassily Lobanov, et à la Musikhochschule de Bâle, avec Claudio Martinez-Mehner. (source, lire cette page pour une bibliographie plus complète)
David Oistrakh La séquence "Grands interprètes classiques" de l’émission matinale de France Musique En Pistes est consacrée cette semaine à David Oistrakh. Muzibao a beaucoup aimé ces propos du violoniste Vadim Repin sur David Oistrakh (1'15)
→ Philippe Manoury présente son cours au Collège de France « Les compositeurs, au cours de l’histoire, n’ont eu de cesse de redéfinir la nature même de ce qu’on appelle « musique ». Ils étaient aussi des expérimentateurs qui ont inventé des musiques qui n’existaient pas. Cet incessant renouvellement des formes et des moyens d’expression sonore est, aujourd’hui encore, ce qui continue de nous relier à eux. Nos technologies numériques remplissent des fonctions comparables à celles des luthiers de la Renaissance, et nos recherches sur de nouveaux modes de représentation s’inscrivent dans la continuité de celles qui ont donné naissance, vers le XIe siècle, aux premières partitions musicales. Ces cours et séminaires exposeront divers aspects touchant à la composition musicale d’aujourd’hui, de notre connaissance du matériau sonore jusqu’à la situation actuelle de la « musique savante » dans notre société, en passant par les nouvelles modalités d’écriture et de syntaxes musicales, des réflexions sur l’orchestre, les voix, les technologies du temps réel et l’opéra. Un colloque dressera l’état de l’art dans le domaine de la création musicale et un concert sera consacré à la composition en temps réel. » vidéo d’introduction (version longue, 5’0, sur le site du Collège de France), ici version courte :
→ Maxim Vengerov les Grands entretiens de France Musique sont consacrés cette semaine au violoniste Maxim Vengerov.
→ Sonia Wieder Atherton, violoncelliste, était l’invitée de la Matinale de France Musique le 9 janvier (merci à Cécile Riou qui a signalé cette émission à Muzibao). Document audio, environ 50 mn. Un court extrait sur « le moment où on écoute la musique » :
Choses qui font battre le coeur (selon Sei Shônagon en ses Notes de chevet, aux alentours de l’an 1000)
Jean-Luc Choplin, qui prend la direction de la Seine Musicale, sur l’île Seguin, le nouveau lieu pour la musique à Paris et Boulogne Billancourt, évoque dans l’émission en Pistes sa visite, avec Olivier Latry, de l’orgue de Notre-Dame de Paris, de nuit (39 secondes) :
On peut voir ici Pierre Cochereau et Olivier Latry jouant La Passacaille et fugue en do mineur de Jean-Sébastien Bach sur cet orgue de Notre Dame. Pierre Cochereau le tout début seulement, puis Olivier Latry vers 2’30, après un gros plan sur la fameuse rosace !
Les soirs d’hiver à Lübeck Cette anecdote relatée par Jean-Luc Choplin peut renvoyer à l’évocation des soirs d’hiver que le tout jeune Jean-Sébastien Bach passait avec son vénéré Buxtehude, à la tribune de l’orgue, dans une église de Lübeck, lors de la longue visite de trois mois qu’il lui rendit en 1705, à l’époque de Noël. Cette visite, on peut la « rêver » dans le merveilleux livre que Gilles Cantagrel a consacré à cette rencontre, quasi mythique, de Bach et de Buxtehude, à Lübeck, en 1705, alors que Bach à vingt ans et qu’il est venu à pied d’Arnstadt, à plus de 300 kms de là, en passant par la lande de Lunebourg : « Les deux musiciens et les deux souffleurs descendent de la tribune et se rendent au grand orgue, où Sebastian avait vu hier le maître dans l’exercice de ses fonctions. Cette fois, c’est Buxtehude qui s’installe d’abord aux claviers et entonne un grandiose praeludium. En fa dièse mineur, ce "ton de la chèvre", impraticable, interdit… !... ».(p.51) S’ensuit toute une conversation entre les deux musiciens, Buxtehude portant à la connaissance de Bach, qui en entend parler pour la première fois, la question du tempérament ; « Il y a maintenant près de vingt-cinq ans, raconte Buxtehude, que mon ami Andreas Werckmeister, le facteur d’orgue mathématicien (…) a jeté les bases d’une nouvelle manière d’accorder les instruments à clavier, telle qu’on puisse pratiquer toutes les tonalités sans craindre le diabolus in musica, la quinte du loup ou le ton de la chèvre. (…) Sitôt qu’il m’en a fait la démonstration, j’ai fait réaccorder entièrement mes deux orgues sur les bases nouvelles de ce qu’il appelle à juste titre le "bon tempérament". (Gilles Cantagrel, La Rencontre de Lübeck, p. 51 et 52). Ce livre est comme une sorte de « fantaisie » sur les noms de Bach et de Buxtehude, très documentée, très plausible mais ne reposant que sur quelques phrases de Carl Philipp Emanuel Bach qui, parlant de son père, écrivit « il entrepris un voyage à Lübeck, qui plus est à pied, pour y écouter Dietrich Buxtehude, célèbre organiste à cette époque de l’église Saint-Marie de cette ville. Il y séjourna trois mois, non sans profit pour lui-même, et revint ensuite à Arnstadt. » (p.185). À partir de là Gilles Cantagrel a procédé à une sorte de reconstitution, avec comme points forts, les deux grandes cérémonies, Abendmusiken exceptionnelles, organisées à Lübeck en décembre 1705, pour commémorer la disparition de l’empereur Léopold 1er et l’élection de son successeur, Joseph 1er. Gilles Cantagrel prête de nombreuses et belles réflexions à Buxtehude sur le sens de la musique en rapport avec la création et Dieu, sur la symbolique des nombres, sur la question du tempérament en musique, etc. C’est érudit mais en même temps très facile à lire.
Lire : Gilles Cantragrel, La Rencontre de Lübeck, Bach et Buxtehude, 196 p. Desclée de Brouwer, 2015, 17.90€
Écouter : Le début d’une conférence (une dizaine de minutes) de Gilles Cantagrel autour de ce livre (écoutable dans son intégralité sur Canal Académie sur abonnement.
Découvrir : Parmi les parutions discographiques récentes, fantasticus, un disque d’orgue consacré par Olivier Vernet à trois tenants de ce style incarné si magistralement par Dietrich Buxtehude, le stylus fantasticus : Bruhns, Hanff et Kneller.
Voici une très belle toccata de Buxtehude interprétée par Bernard Focroulle à l’orgue Schnitger de St. Ludgeri à Norden.
Connaître : Le stylus phantasticus est un style musical baroque allemand. Sous l'influence de la musique pour clavier des italiens Claudio Merulo et Girolamo Frescobaldi, certains organistes du XVIIe siècle, en particulier Johann Jakob Froberger (élève de Frescobaldi) adoptent un jeu caractérisé par la virtuosité, l'invention et l'improvisation, et sans fil mélodique. (source)
I. Ce vendredi 30 décembre 2016, « En pistes », l’émission d’actualité discographique de France Musique, a offert de très beaux moments. De chant et de piano. De chant, avec Joyce di Donato dans Purcell, puis avec le ténor dont on parle beaucoup, Reinoud van Mechelen, dans Bach ; et de très beaux moments autour du piano avec de jeunes pianistes, Florian Noack, Adam Laloum et Julien Libeer. (émission que l’on peut réécouter ici – le bandeau de lecture, avec le minutage, se trouve en bas de l’écran du site de France Musique)
1. Joyce di Donato, du début jusqu’à 5’
2. Reinoud van Mechelen à 6’50 et jusqu’à 14’, (extrait du disque Ebarme dich)
3. Le pianiste Florian Noack, à partir de 33’, dans 7 préludes op. 6 de Sergei Lyapunov, musicien peu connu et encore moins enregistré qu’il s’attache à faire connaître. Écouter particulièrement le prélude qui commence à 36’54.
4. Un autre pianiste très intéressant, Adam Laloum, ici dans le mouvement lent de la sonate D 960 de Schubert, à partir de 47’. Noter la belle présentation du pianiste faite par Rodolphe Bruneau-Boulmier qui exprime un vrai point de vue sur la carrière des jeunes pianistes. On peut toutefois trouver que cette interprétation manque encore un peu de maturité. Et se souvenir des propos du pianiste Valery Afanassiev dans son livre Notes de pianiste, paru chez Corti en 2012 : « Maintenant je laisse le temps s’écouler, et je l’écoute. On ne peut pas jouer de la musique si on n’entend pas le temps, si on ne le laisse pas faire. » Dans ce livre, Afanassiev écrit des choses troublantes et émouvantes à propos de son rapport avec cette toute dernière sonate de Schubert. Bien qu’il pense l’avoir jouée en concert plus de huit cents fois, il dit à quel point elle lui échappe, lui fait peur, pas pour ses difficultés techniques bien sûr, mais pour ce qu’elle est, son mystère impénétrable. Sa fréquentation est pour lui dangereuse, problématique, difficile.
5. Et enfin, à partir de 1h, Julien Libeer en duo violoncelle et piano avec Camille Thomas, autre jeune musicienne à suivre.
Compléments : 1. Ici on peut découvrir deux vidéos où Julien Libeer se retrouve avec deux très remarquables partenaires : → Avec la pianiste Maria Jao Pires, dans la Fantaisie pour piano à 4 mains en fa mineur de Schubert, déjà évoquée dans ces pages. Document vidéo. → Et avec la violoncelliste Camille Thomas avec qui il a réalisé le disque Réminiscences évoqué dans l’émission de France Musique, ici dans un extrait de la transcription de la sonate de Franck.
Enregistré au Conservatoire à Rayonnement Régional de Reims le 4 juillet 2016. Document vidéo, 2’50
2. Adam Laloum, ici dans les Davidsbündlertänze de Schumann, voir particulièrement la deuxième danse, à 1’40.
II. Daniel Barenboim Extrait d’un article du Wall Street Journal à propos du pianiste et chef d’orchestre Daniel Barenboim. (la traduction de Muzibao) : « A 74 ans, Daniel Barenboim est sur le devant de la scène. Il sort un disque intitulé On my new piano [Sur mon nouveau piano], sur un piano construit spécialement pour lui et avec lui. Par ailleurs la Barenboim Said Academy, une école qui accueille des jeunes musiciens du Moyen Orient et d’Afrique du Nord, vient d’ouvrir une nouvelle antenne à Berlin. Mais le plus surprenant, c’est sans doute la chaîne YouTube du pianiste et chef d’orchestre. » Dans cette chaîne Daniel Barenboïm présente en quelques minutes, avec des exemples bien choisis, quelques extraits d’œuvres de son répertoire. Voir par exemple cette courte vidéo sur la difficulté du legato au piano et singulièrement dans la musique de Chopin. Barenboim, pédagogue effaceur de frontières et de murs, quasi facteur de piano avec Chris Maene et youtubeur !