Le rôle du poète n’est-il pas de donner la vie à ce qui se tait dans l’homme et dans les choses, puis de se perdre au cœur de la Parole ?
Cette parole qu’un peuple d’ombres se transmet d’une rive à l’autre du temps, il semble qu’une seule voix sans fin la porte et la profère.
Elle seule, dépositaire d’un monde de secrets, tire de notre absence une longue mémoire, dessine dans l’espace la figure de l’Homme et prête à nos hasards la forme d’un destin…
Mais peut-être, au-delà d’elle-même, si nous prêtons l’oreille avec plus de ferveur, pourrons-nous percevoir l’écho de ce qui n’a même plus de nom dans aucune langue
(suite demain)
Jean Tardieu, Une voix sans personne, Gallimard, 1954, repris dans Tardieu, Œuvres, Quarto Gallimard, 2003, p. 489.
Jean Tardieu est né dans l'Ain en 1903. Il a travaillé aux Musées Nationaux puis chez Hachette et après la guerre à la Radiodiffusion française. Traducteur de Goethe et de Hölderlin, il reçoit le Grand Prix de la Société des Gens de Lettres en 1986. Il est mort en 1995.
Extraits de sa bibliographie :
Poésie :
En Poésie/Gallimard : l'Accent grave et l'accent aigu, Poèmes 1976-1983 (Formeries, Comme Ceci comme cela, Les Tours de Trébizonde) ; Le Fleuve caché, poésies 1938-1961 (Accents, Le Témoin invisible, Jours pétrifiés, Monsieur Monsieur, Une voix sans personne, Histoires obscures) ; La part de l'ombre suivi de la Première personne du singulier et de Retour sans fin, Proses 1937-1967.
On lui doit aussi du théâtre, de nombreux textes sur les peintres (Hartung, Ernst, Bazaine, Estève, etc.).
A signaler la parution toute récente chez Gallimard d'un gros Quarto, 1596 pages, 27,50 €, regroupant tout l'œuvre poétique, les écrits sur les arts, un large choix du théâtre, des articles, des lettres, entretiens.
[liste de liens avec la fin de ce texte, dans l’almanach de demain]
Rédigé par : jjd | mardi 30 mai 2006 à 09h40
Rédigé par : jjd | mardi 30 mai 2006 à 09h35