Neige dehors neige dedans
neige lente sur les frissons
neige noire à crever les yeux
pas un humain qui vous réponde
il doit leur neiger sur la voix
est-ce que tout le monde est mort
est-ce que je suis le dernier vivant
enfoui sous quelques flocons de rien
(posant le rien tout autour je veux dire)
corrompu jusqu’à l’os par le deuil et le froid
car il neige à n’en plus finir
de plein fouet sur le chagrin
comme autrefois doucement sans pardon
neige légère à serrer le cœur
neige lourde à tuer le temps
c’est bien l’éternité comme prévu
qui précipite exactement sur moi
c’est tout simple il ne fallait pas naître
Ludovic Janvier, La mer à boire, Gallimard, 1987, p. 90.
Romancier, poète, essayiste, Ludovic Janvier est né en 1934
à Paris.
Extrait de sa bibliographie :
La baigneuse, Gallimard 1968
Face, Gallimard, 1974
Naissance, Gallimard, 1984
La mer à boire, Gallimard 1987
Brèves d’amour, Gallimard, 1993
En mémoire du lit, Gallimard, 1996
Tue-le, Gallimard 2002
Des rivières plein la voix, Gallimard
2004
A noter aussi deux essais sur Samuel Beckett, Pour Samuel Beckett (Editions de Minuit 1966),
et Samuel Beckett par
lui-même (Editions du Seuil1969).
« Je m’acharne à croire aux mots, seulement voilà :
on les croit faits pour désigner les choses, or ils désignent le manque
d’elles. Leur lointain, si vous préférez. Et c’est ce lointain qui nous écarte
de nous.
(Tue-le ! - p 198)
Une
page sur le poète :
En ligne, des textes de
Ludovic Janvier sur le site de Inventaire invention
Rédigé par : Angèle Paoli | mardi 28 décembre 2004 à 16h28