Doublement présente, dans le numéro 22 de la revue Le Mâche-Laurier aux Éditions Obsidiane et dans la revue Europe qui lui consacre une note de lecture, Marilyn Hacker, poète très renommée aux Etats-Unis mais encore très peu connue ici.
Comment c'est, dans cette chair provisoire
de retourner à ma table de travail,
de voir par la fenêtre le soleil rougeoyant
aviver la pierre frottée d’en face,
illuminer les chambres inconnues d’un voisin familier,
[…]
Je suis lasse de la terreur et du désespoir,
d’avoir à me montrer courageuse.
Je veux les jours de travail ennuyeux
et les nuits de vie que rien d’exceptionnel
ne marque, avec des cils et des cheveux.
Il est exceptionnel de mourir dans son lit
à quatre-vingt-dix-huit ans sans avoir été
gazée, fusillée, essorée à sec
par la dysenterie, noyée à la naissance
dans une bassine pour filles non désirées.
[…]
Je ne sais que l’instant en expansion
présent, infinitésimal, infini,
où le soleil tardif pénètre sans commentaire
dans huit rangées de fenêtres vis-à-vis.
Marilyn Hacker, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par
Emmanuel Moses in Le Mâche-Laurier, n° 22, juin 2004, p. 74.
Marilyn Hacker est
née à New York city en 1942.Elle est l’auteur de neuf recueils de poésie, dont
le plus récent est Desesperanto, paru chez W.W. Norton à New York en
2003, et d’une anthologie personnelle parue chez Norton en 1995. Aux
États-Unis, elle a reçu de très nombreux prix.
Également
traductrice de la poésie française contemporaine (notamment de Guy Goffette,
Hédi Kaddour, Vénus Khoury-Ghata, et Claire Malroux), elle a édité un numéro
spécial de la revue américaine Poetry sur la poésie française
contemporaine en 2000.
Elle partage son
temps entre Paris et New York, où elle est professeur de littérature
anglo-américaine et de traduction littéraire à la City University of New York.
Elle vient de
publier La
Rue Palimpseste aux Éditions La Différence
Voir
et entendre Marilyn Hacker
fiche auteur
sur le site des Éditions La Différence
Biographie
(en anglais)
Extrait d’une note de lecture d’Emmuel Moses parue dans la
revue Europe n° 907-908 :
« Le monde de Hacker s’est d’emblée ouvert à nous :
espace minutieux et palpitant, entre l’extérieure t la maison, entre le regard
et la mémoire. Un univers où le quotidien est don, c’est-à-dire radicalement
autre, acte gratuit à déchiffrer, symbole et singularité »
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