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samedi 29 janvier 2005

Commentaires

Ce lien ne fonctionne hélas pas : belle introduction de Françoise Rétif. MErci.
Dans son ouvrage "Professeurs de désespoir", Nancy Huston fait allusion à la poétesse autrichienne Ingeborg Bachmann, l’un des rares écrivains féminins qui trouve grâce aux yeux de Thomas Bernhard. Elle est même une exception. Dont Bernhard s’inspirera pour créer le personnage de Maria dans son roman "Extinction": « Depuis que je suis à Rome, j’ai régulièrement rencontré Maria, la seule femme avec qui j’aie vraiment entretenu des relations, chez qui j’ai éprouvé le besoin d’aller touts les semaines pendant tout ce temps, tu vas chez l’intelligente, ai-je pensé chez l’imaginative, chez la grande, car je n’ai jamais douté que ce qu’elle écrit est grand, a toujours été encore plus grand que tout ce qu’ont écrit toutes les autres poétesses » Et Nancy Huston de commenter: « Pourquoi Bernhard admire-t-il tant la « Bachmann » ? Parce qu’elle lui ressemble. Fille d’un nazi militant de Klagenfurt, ravagée par l’ambivalence, elle a fait le même choix que lui : prendre tous les risques, aller partout, dénoncer les veuleries de l’Autriche, vivre sur le fil du rasoir. Quand Bachmann meurt en 1973, brûlée vive dans son lit à l’âge de quarante sept ans, l’interprétation de Bernhard est toute prête : « ceux qui croient au suicide de la poétesse répètent sur tous les tons qu’elle s’est brisée sur elle-même, alors qu’en réalité, elle ne s’est bien entendue brisée que sur le monde qui l’entourait, et, au fond, sur l’odieuse bassesse de sa patrie, qui à l’étranger aussi, la persécutait pas à pas, comme tant d’autres. » Nancy Huston, Professeurs de Ténèbres, Actes Sud, 2004, pp197-198. Autre extrait du roman de Bernhard: «Toute la soirée de la veille…je m’étais occupé de Schopenhauer et des poèmes de Maria, j’avais établi un rapport entre eux, à savoir des idées de Schopenhauer et celles de Maria, essayé de construire un véritable rapport philosophique entre les deux dispositions d’esprit, entre les poèmes de Maria et les durs travaux philosophiques de Schopenhauer, sans cesser de subordonner les uns aux autres, de mettre en parallèle ceux–ci et ceux –là, et tenté de dégager ce qu’il y a de philosophique dans les poèmes de Maria, de même ce qu’il y a de poétique ou, mieux, la poésie dans l’œuvre de Schopenhauer .. » Thomas Bernhard, Extinction Un effondrement, Gallimard « Du monde Entier » 1990, pp.142-143.
Chère Florence, A toutes fins utiles pour vos lecteurs (auditeurs ?), je viens juste signaler qu'il est possible d'entendre Ingeborg Bachmann lisant à voix haute ses propres poèmes sur le site berlinois Lyrikline. Angèle Paoli a d'ailleurs eu l'occasion de mentionner ce site sur Terres de femmes à propos de Paul Celan et de son poème Stimmen.

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