Poezibao est heureux d’accueillir de temps à autre des chroniqueurs amis. Je publie aujourd’hui un article de Marielle Lefébure.
Fabuleux travail que
celui mené par Claude Jeancolas, qui réunit des paroles d'auteurs évoquant
Rimbaud. On pourra reprocher à l'ouvrage d'être subjectif et incomplet mais
quelle anthologie ne l'est pas! Pour ma part, j'ai beaucoup apprécié
l'éclectisme des auteurs choisis et les variations dans leur perception du
poète maudit. Il n'y a pas que de l'analyse classique ou des hommages
ronflants, on y trouve beaucoup de révolte, de respect, de colère,
d'inspiration, de leçons reçues et à prendre.
Au fil des pages et à travers tous ces textes, c'est un visage très vivant de
Rimbaud qui se dessine, un homme en dehors du temps et pourtant très présent
dans l'oeuvre de grands nom de la littérature contemporaine ou plus ancienne.
Parmi les paroles qui m'ont le plus touchée, ces quelques mots de Martin
Heidegger (p.55): "Ne peut toutefois vraiment se taire que celui qui a
charge de dire ce qui montre la voie et l'a dit en effet, par le pouvoir de la
parole qui lui a été conféré. Ce silence est autre chose que le simple mutisme.
Son ne-plus-parler est un avoir-dit. Entendons-nous avec une suffisante clarté,
dans le Dit de la poésie d'Arthur Rimbaud, ce qu'il a tu ? Et voyons-nous là
déjà l'horizon où il est arrivé ?" (extrait de Aujourd'hui Rimbaud..
Enquête de Roger Munier », Paris, Lettres modernes Minard, 1976)
Ou de Pierre Emmanuel (p.110): "C'est toujours de partir qu'il nous parle,
celui qui a écrit ces quatre mots définitifs: "On ne part pas". Sans
cesse devant nous, il fait et défait ses mondes, ses vies. C'est que la vie se
passe toujours ailleurs, que la poésie n'est pas la vie. Ailleurs, le centre de
tout et de soi-même, le pays où cesse la révolte, où l'on consent à être enfin
! Mais s'évader est mal direz-vous. Qui vous parle d'évasion ? La pire évasion
n'est-elle pas de rester ici, de rester d'ici ? Rimbaud ne s'évade pas, il
apprend à se servir du monde. " (extrait de la revue Poésie, n°42, 1942)
Le 29 janvier 1922, Jean Cocteau (p.155) a créé cette belle phrase : "Il a
fait fleurir le monde comme un orage d'avril." (extrait de la lettre de
1922 à Paterne Berrichon)
Edouard Glissant (p.170): "Avec Rimbaud, l'errance est vocation, qui ne se
dit qu'en détours" (extrait de Poétiques de la relation, Gallimard,
1990). Magnifique.
Un index en fin d'ouvrage reprend les noms des divers auteurs cités,
accompagnés d'une ou deux lignes biographiques et de la référence exacte de la
citation proposée. Très utile !
Claude Jeancolas, Rimbaud après Rimbaud : anthologie de textes de Proust
à Jim. Éditions Textuel, 2004.
ISBN : 2845971176
Recension de Marielle Lefébure
Deux
liens supplémentaires :
Une note
de Lire sur la biographie de Rimbaud publiée par Claude Jeancolas.
Une sélection
bibliographique sur Rimbaud (avec plusieurs livres de Claude Jeancolas)
Rédigé par : ayi agbove | mardi 16 août 2005 à 19h30
Rédigé par : carlo fatigoni | mercredi 19 janvier 2005 à 12h42