Le noir déjà cerne la maison et la solitude est assez aiguë
pour que j’entende bourdonner les ferments du temps : ruche veloutée et
chaude dans l’obscurité. Abeilles d’odeurs, de goûts, de timbres, de touchers
qui mourront avec ma mémoire.
*
Tenir ferme, ne jamais abandonner aux marchands de rêves ce
qui dans notre figure démembrée, saccagée, reste notre part d’allégresse.
*
Sur le fond sombre du jardin, la transparence instantanée de
deux feuilles de mûrier. Une physique absolue s’interrompt là d’une façon
incompréhensible, s’enflamme, s’ébroue, se fait respiration, toucher. Ne disons
rien de l’idée, contentons-nous d ‘écouter.
Lorand Gaspar, Feuilles d’observation, Gallimard,
1986, p. 68 et 69.
Lorand Gaspar, poète, médecin et photographe, est né le 28 février 1925 en Transylvanie. Déporté pendant la guerre, il fait ses études de médecine à Paris. Il a reçu le Grand Prix de Poésie de la Ville de Paris en 1987 et le Grand Prix National de Poésie en 1994. Parmi ses œuvres, on peut citer Approche de la Parole, Le quatrième état de la matière, Sol absolu et Corps corrosifs (ces différentes textes repris dans le volume Poésie/Gallimard Sol absolu). Patmos, la Maison près de la mer, Carnet de Patmos.
Une très belle page
avec notamment une analyse de Serge Meitinger
sur le site de remue.net
un entretien avec Lorand Gaspar
Une belle page sur le
site de l’éditeur Le Temps qu’il
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Rédigé par : Ar-gavas.blogspot.com | jeudi 01 septembre 2011 à 10h38