III
En d’autres temps, mes amis,
Nous aurions écouté, ne parlant plus
Soudain,
Bruire la pluie de nuit sur les tuiles sèches.
Nous aurions vu, courbé
Sous l’averse, courant
La tête protégée par le sac de toile,
Le berger rassembler ses bêtes. Nous aurions cru
Que le couteau de la foudre dévie
Parfois, compassionné,
Sur le dos laineux de la terre.
Nous aurions aperçu, qui se dispersent
Chaque fois que c’est l’aube,
Les rêves qui déposent, couronnés d’or,
Leur étincellement près d’une naissance.
Yves Bonnefoy, Ce qui fut sans lumière, Poésie/Gallimard
n° 292, 1995, p. 76.
Yves Bonnefoy est né à Tours en 1923. Il fait des études de
mathématiques et de philosophie. Il s'installe à Paris en 1944. Il effectue de
nombreux voyages. Il est professeur au Collège de France de 1981 à 1993.
Quelques-unes de ses œuvres :
Du mouvement et l'immobilité de Douve,
Hier régnant désert,
Pierre écrite et dans le leurre du seuil,
ces quatre recueils regroupés sous le titre Poèmes en
Poésie/Gallimard.
Rue traversière (1977, repris en Poésie/Gallimard),
Ce qui fut sans lumière (1987)
et tout récemment les Planches Courbes (2001).
Il est aussi l'auteur de très nombreux essais sur la poésie,
sur Giacometti, sur le théâtre et notamment de l'important recueil le Nuage
Rouge qui regroupe des études sur Rimbaud, Mallarmé, Bellini, Mondrian,
Morandi, etc. Il a également réalisé des traductions de Shakespeare.
Un important
article de Jean-Michel Maulpoix sur les parutions récentes de Yves Bonnefoy
Une bio-bibliographie
Sur le site du
Mercure de France :
Sur le site zazieweb.com, fiche de lecture de
Les planches courbes
Une belle
page avec citations sur le site de chantiers.org
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