ÉLEGIE
(EXTRAIT)
À Janis Joplin
Je voulais écrire ton
blues, Janis et, comme ça,
mettre ma langue dans ta bouche.
Fainéante et rapace,
traîtresse et splendide insomniaque
peuplant le plafond de tes hallucinations,
les brumes froides ont bleui lentement, les voitures
ont rattrapé les battements de ton cœur ; tu n’étais
peut-être par seule, encore que, là-haut, ça t’ait dit
autrement et que l’héro te disait :
Tu est plus célèbre que tout ce qui est sorti
de l’ouest du Texas, ta coiffure est un monument,
ta voix est confite
dans le miel. Je t’aime, repose-toi
Marilyn Hacker, Fleuves et retours, traduit de
l’américain par Jean Migrenne, Amiot-Lenganey, 1993, p. 33.
I wanted to
write your
blues,
Janis, and put my
tongue in
your mouth that way.
Lazy and
grasping and
treacherous,
beautiful
insominac freaking
the ceiling,
the cold
smog went slowly blue, the cars
caught up
with your heartbreat, maybe you were not
alone, but
the ceiling told you
otherwise,
and skag said :
You are
more famous than anyone
out fo West
Texas, your hair is a
monument,
your voice preserved
in honey, I
love you, lie down.
Marilyn Hacker est
née à New York City en 1942. Elle a grandi dans le Bronx, fille unique de
parents juifs qui furent les premiers de leur famille à aller à l’université.
Bien que chimiste, sa mère dut accepter un travail de vendeuse chez Macy’s et
elle n’eut pas ensuite le droit de faire des études de médecine sous le double
prétexte qu’elle était juive et femme. Elle devint alors professeur d’école.
Son père aussi devint professeur avant de mourir d’un cancer du pancréas à 48
ans.
En dépit de toutes
ces difficultés, servie par sa haute intelligence, Marilyn Hacker entre à
l’université de New York à l’âge de 15 ans, après avoir brillé à la Bronx High
School of Science. Elle étudie notamment l’existentialisme et la littérature
française. Elle épouse son ami l’écrivain de science-fiction Samuel Delany dont
elle se séparera plus tard pour vivre pleinement son homosexualité. Elle
commence à écrire de la poésie et à envoyer des textes aux journaux vers l’âge
de 26 ans. En 1970, elle s’installe à Londres et elle voit certains de ses
poèmes acceptés par Richard Howard qui publie la revue The new American. A 31
ans, elle publie Presentation Piece qui reçoit un National Book Award.
Depuis elle a publié sept autres recueils, notamment Winter Numbers et Selected
Poems. Winter Numbers parle de la perte de nombre de ses ami(e)s
morts du sida ou de cancers du sein et de son propre combat contre cette
dernière maladie.
A la fin de sa
chimiothérapie, elle perd son travail d’éditrice très influente de la Kenyon
Review. Elle se rallie à cette époque aux mouvements gay et de défense des
noirs.
Elle partage son
temps entre Paris et New York, où elle est professeur de littérature
anglo-américaine et de traduction littéraire à la City University of New York.
Elle a traduit des poètes français contemporains comme Claire Malroux, Guy
Goffette, Hédi Kaddour, Vénus Khoury-Ghata. Elle a édité un numéro spécial de
la revue américaine Poetry sur la poésie française contemporaine en
2000.
Extraits de sa
bibliographie an anglais :
Love, death ans the changing of seasons, 1986
Selected poems, 1965-1990, 1994
Winter Numbers, 1994
Squares and courtyards, 2000
First cities, collected Early Poems, 1969-1979, 2003
Desesperanto, poems 1999-2002, 2003
Bibliographie en
français :
La rue Palimpseste, traduction et présentation de
Claire Malroux, Editions de la Différence, 2004. (Pour ce recueil,
Claire Malroux a choisi des extraits de Selected Poems : 1965-1990
et 1994, de Winter Numbers, de 1994 aussi et de Desesperanto de
2003.
Elle vient de publier La Rue
Palimpseste aux Éditions La Différence
fiche auteur
sur le site des Éditions La Différence
Biographie (en anglais)
Une
très belle
collection de poèmes en anglais
Lire aussi Crepuscule with Muriel
un poème en anglais
Voir et entendre Marilyn Hacker
Rédigé par : Guidu | mardi 05 avril 2005 à 23h38
Rédigé par : sistereden | mardi 05 avril 2005 à 15h35