Cette expression de carnet de bord, qui définit au plus
juste la nature des écrits par lesquels je m’efforce de mieux respirer le temps
qui passe, désigne bien en effet la position de « tout moi » à l’instant où
j’écris : à ces heures de pointe de mon existence, je me tiens juste au bord,
sur le tranchant de moi-même. Car c’est là, sur le fil de son avancée ultime,
que l’attention trouve la meilleure occurrence pour prendre son vol.
Ainsi mon carnet de bord ne s’étend-il à perte de vue dans
mon dos et sous mes pieds que pour, brusquement, faire face au « gain de vue »,
au grand ouvert, qui peut être suffocant ou éblouissant.
Je me tiens à la latitude et à la longitude de son à-pic,
surplombant ce trop-plein qu’aussi bien on appelle le vide.
Et alors, je laisse venir ce qui vient. Ne prenant pas plus
au sérieux l’écriture que je ne saurais la négliger.
Le combustible auquel je me réchauffe et me reconstitue, ce
sont les mots qui s’articulent sans bruit dans la chambre d’échos qui s’ouvre à
moi juste au bord du carnet.
Gil Jouanard,
Le jour et l'heure, Verdier, 1998 (extrait)
La Maison de la Poésie de Nantes invite l'écrivain
Gil Jouanard, présenté par Bernard Bretonnière
mercredi 13 avril à 19h30 au Pannonica
9, rue Basse-Porte ı marché Talensac ı Nantes
tarifs : 3 euros - abonnés : gratuit - infos :02 40 69 22 32
www.maisondelapoesie-nantes.com
Les draps dans
les mots sur Alternantes - FM 98.1
et 9
Ce même jour de 17h10 à 18h, Michel Sourget s'entretient
avec Gil Jouanard en direct depuis une chambre de l'hôtel Pommeraye
FT
Rédigé par : Lekti | vendredi 12 mai 2006 à 11h51