La Transparence, un titre-programme véritablement
pour ce nouveau livre que publie aujourd’hui Gérard Pfister, comme s’il
s’effaçait derrière les quelques thèmes qui s’entrelacent ici : la fleur,
l’enfant, la source, le souffle, le fruit, une poignée d’adjectifs, de verbes
et de noms qui ouvrent les seize séquences qui composent le recueil et qui tels
autant de cours d’eau convergent vers la coda, un seul passage.
Fragiles esquifs en
effet que les mots et les textes ici assemblés dans un monde paradoxal qui
évoque puissamment l’univers des mystiques, où les certitudes se brouillent,
entre désespoir et sagesse. La pensée, aphoristique, semblant
« battre » osciller d’un pôle à l’autre, de vide à plein, entre
présence et absence, entre néant irrémédiable et sentiment du divin, avec
parfois en filigrane une évocation christique. Chaque poème est aussi comme la
matérialisation d’un mouvement, descente, montée, écoulement…..
Dans le fruit
la gloire
de la sève,
de la semence,
le don
parfait
et la mort de la fleur.
Apparaît ainsi, alors même que l’auteur se fait transparent
en ces pages où le tu désigne un impersonnel, soi-même peut-être ou l’alter
ego, la cohérence de la démarche de Gérard Pfister, dont il faut rappeler qu’il
est à la fois poète et éditeur. Qu’il se consacre sans relâche à faire
connaître depuis trente ans, via sa maison d’édition Arfuyen des œuvres rares,
exigeantes, telles celles de Vincent La Soudière, Roger Munier, Alain Sueid,
Jean Kahn Dessertenne, Margherita Guidacci, Leonardo Sinisgalli, Maître Eckart
(Gérard Pfister est aussi traducteur de l’italien, de l’allemand, de l’anglais
et du turc).
Gérard Pfister, La Transparence, Arfuyen, 13, 5 €, ISBN 2 84590 065 1
©florence trocmé
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