Parfois la rencontre avec un écrivain, réelle ou par le
biais du seul livre, peut infléchir le cours d’une vie, sauver du désespoir (ou
bien y conduire…)
Professeur agrégé de lettres modernes, Reynald André Chalard
montre dans ces pages comment la découverte de la poésie de Philippe Jaccottet
a représenté « un peu de lumière pour dissiper les ombres » à
un moment de sa vie où ses repères et ses certitudes vacillaient. C’est il me
semble, le plus grand intérêt de ce livre, qui donne à voir l’articulation entre une œuvre et son
lecteur. Même si R.A. Chalard a souhaité rencontrer Philippe Jaccottet et qu’il
livre ici le fruit de ces entretiens.
Le livre est en effet composé en diptyque. Dans une
émouvante entrée en matière, Reynald André Chalard revient sur l’événement que fut pour le très jeune homme
qu’il était alors, la lecture du livre de Jaccottet, L’ignorant pour
les besoins d’un « concours difficile ». Dans un contexte de lectures
et d’études dominé par les « voleurs de feu », Hugo, Baudelaire,
Rimbaud, etc. Avec toutes les conséquences qu’elle put avoir sur le plan de sa
pensée, de son approche théorique de la poésie et même de sa vie.
La relation de l’entretien m’a semblé un peu moins probante
(éternelle problématique de la transcription de ces rencontres lecteur
/écrivain !). Ici peu de découvertes de fond à faire concernant Jaccottet
mais de nouvelles formulations, à glaner avec bonheur, de points de vue,
d’idées, permettant de retrouver, très présent dans ces pages, celui qui se
définit lui-même comme « d’une nature pleine de doutes et de
tâtonnements » (25). A noter aussi pour l’histoire littéraire, un passage
intéressant sur les rapports de Jaccottet avec Ponge et son jugement sur
l’œuvre de ce dernier. Les principales questions ont porté sur la traduction et
le statut de l’image ainsi que sur « l’expérience du sacré » :
« il y a eu comme de petites épiphanies inattendues [...] On n’est pas allé se promener en attendant
de rencontre des anciens dieux… C’est sorti du sol comme cela, beaucoup du jeu
de la lumière sur les choses » (50).
Un livre discret, pudique, très jacottien, au fond…..
©ft
(ISBN
2-86959-694-4)
Rédigé par : Abraham de Vermeil | dimanche 24 avril 2005 à 16h58