« J'ai soif de toutes les routes »
Marina Tsvetaïeva
spectacle de théâtre A la maison
de la Poésie, théâtre Molière à Paris
du 28 avril au 29 mai 2005
texte établi par Zéno Bianu à partir de Correspondance à
trois de Rainer Maria Rilke, Boris Pasternak et Marina Tsvétaïeva et des
poèmes de Marina Tsvétaïeva
conception et mise en scène Balázs Gera avec Evelyne Istria
et Claude Levêque
réalisation audiovisuelle Dominique Thiel à partir d’images
d’archives des années 1920
scénographie et costumes Elissa Bier
création lumière Emmanuelle Phelippeau-Viallard
production Compagnie Balázs Gera
Les textes du spectacle sont extraits de Correspondance à trois (été 1926), Boris Pasternak, Marina Tsvétaïeva et Rainer Maria Rilke, traductions de Lily Denis, Eve Malleret et Philippe Jaccottet, éditions Gallimard, Paris, 1983, et du Ciel brûle, suivi de Tentative de jalousie, de Marina Tsvétaïeva traductions de Pierre Léon et d’Eve Malleret, éditions Gallimard, Paris, collection "Poésie", 1999.
du jeudi 28 au samedi 30 avril 2005
JEU et VEN à 20h30, SAM à 19h, salle Lautréamont
du mercredi 4 au dimanche 29 mai 2005
MER et SAM à 19h, JEU et VEN 20h30, DIM 17h, salle
Lautréamont
Mercredi 25 mai
Chaque dernier mercredi du mois, la place est à 7€ pour
tous!
Sans réservation, les places sont disponibles à l'accueil à
partir de 18h.-
La représentation du mercredi 25 mai sera suivie d'une
rencontre avec les artistes.
durée du spectacle : 1h15
Attention : relâche le 1er mai
Été 1926. Pendant quelques mois, trois des plus grands poètes du XXe siècle vont échanger une correspondance d’une passion extrême : Marina Tsvétaïeva - alors émigrée en France, séjourne en Vendée -, Boris Pasternak - retenu à Moscou par la révolution - qui lui voue une admiration fougueuse et Rilke - qui se meurt lentement en Suisse - qui se laisse subjuguer par son exaltation.
Marina Tsvétaïeva, qui disait avoir « soif de toutes les
routes », apparaît ici à son paroxysme. Dévorante, susceptible, jalouse,
splendidement vivante et refusant tous les conformismes.
Il s’agit donc avant tout d’une immersion dans l’écriture de
Marina Tsvétaïeva ; l’histoire d’amour triangulaire, bien qu’inévitablement
présente, est au second plan. Elle apparaît en tout cas de façon singulière,
abordée par un regard unique, faisant exister Rainer Maria Rilke et Boris
Pasternak comme en creux. Cette approche de leur correspondance permet
d’accéder à l’essentiel de l’œuvre de Marina Tsvétaïeva, sa poésie. Une poésie
qui constitue d’ailleurs la véritable source de l’histoire d’amour entre les
trois poètes.
Tissées ensemble avec les lettres et les poèmes, des images
d’archives (issues de films d’actualité, de documentaires et de films de
propagande réalisés en Union Soviétique, en Suisse et en France dans les années
1920) inscrivent les mots de Marina Tsvétaïeva dans un cadre géographique et
historique. Elles révèlent aussi - et en contrepoint - un monde dont on ne
parle pas, un monde qui est fait de maladie, de révolution, d’exil, de guerre
civile, de misère et de terreur, un monde dont les trois poètes tentent à tout
prix de s’extraire.
Balazs Gera
Marina
Tsvétaïeva (1892-1941)
Le récit de sa vie porte les marques d’un destin tragique,
lié aux tourments de l’Histoire de la première moitié du XXe siècle :
bouleversements de la Révolution russe, séparation d’avec ses proches, exil,
misère et solitude. La vocation littéraire de Marina Tsvétaïeva a été très
précoce. Elle publie ses premières poésies, à Moscou, à l’âge de seize ans.
Mais ses différentes terres d’accueil (Berlin, Prague et surtout Paris) ne lui
donnèrent pas la possibilité de faire connaître son œuvre. Les dernières années
parisiennes (elle y vécut entre 1925 et 1939) furent à cet égard
particulièrement difficiles. Non-conformiste, indépendante et d’un tempérament tumultueux,
elle ne s’est associée ni à l’aventure du communisme en URSS, ni à celle de ses
opposants et fut cruellement mise à l’écart de tous les milieux littéraires. On
lui connaît cependant de grandes amitiés avec certains poètes et écrivains,
parmi lesquels Ossip Mandelstam, Boris Pasternak et Rainer Maria Rilke. En
1939, Marina Tsvétaïeva décide de rentrer en Russie. Accablée par les pires
difficultés morales et matérielles, elle se donne la mort en 1941.
Boris Pasternak (1890-1960)
Né le 10 février 1890 à Moscou, Boris Pasternak publie ses
premiers poèmes en 1913. Il se lie d’abord avec le groupe futuriste et
rencontre en 1917 Maïakovski et Essenine. Il publie régulièrement jusqu’en 1934
puis reste silencieux, à part deux recueils de poèmes pendant la guerre,
jusqu’en 1957 où paraît
Le Docteur Jivago . En 1958, il reçoit le prix Nobel
de littérature. Il meurt le 31 mai 1960 à Peredelkino.
Rainer Maria Rilke (1875-1926)
Né à Prague le 4 décembre 1875, Rainer Maria Rilke a vécu
une jeunesse morose et solitaire. Dès sa vingtième année, après des études de
littérature et d’histoire de l’art, il mène une vie d’errance. De Berlin, où il
rencontre Lou Andréas-Salomé, à la Suisse où la leucémie l’emportera en
décembre 1926, Rilke a vécu en Russie, où il croise Tolstoï, à Paris chez le
sculpteur Rodin, lieu de méditation et d’écriture, à Rome, en Scandinavie en
passant par l’Égypte, l’Espagne et l’Afrique. L’œuvre de Rilke témoigne de
cette incessante créativité errante : des poèmes, des nouvelles, des récits, une
volumineuse correspondance, des traductions (Gide en allemand). Elle est aussi
une réflexion sur le dépaysement, l’échec intérieur et la tentation d’échapper
à son destin.
Balazs Gera
– Metteur en scène
Depuis la création de sa compagnie, en 1995, il a mis en
scène, Un jeune homme pressé d’Eugène Labiche, La Ronde d’Arthur
Schnitzler, Saletéde Robert Schneider, L’Idiot, dernière nuit de Zéno
Bianu et La Révolte des outils de Dominique Sampiéro et Tiffany Tavernier.
Il a mis en espace à l’Odéon - Théâtre de l’Europe Eternel Quotidien de
Véronique Olmi, Inversion de Géraldine Maillet et Orphée Tzigane de
Zéno Bianu ; au Festival d’Avignon Le Secret perdu à jamais du camembert
russe de Ksenia Dragounskaïa ; à la Comédie-Française Helga la folle de
László Darvasi et dans le cadre du festival Passages 2003, différents textes
d’auteurs d’Europe centrale. Dernièrement, il a mis en scène au Théâtre
Populaire de Lorraine, C.D.R.de Thionville et, à Paris, au Théâtre du
Rond-Point, Enquête sur l’affaire des roses de László Darvasi ; à l’Action
Culturelle du Barrois – Scène Nationale de Bar-le-Duc et au Festival
Perspectives Nouvelles de Saarbrücken, en Allemagne J’aimerais chanter sur
l’eau de Delphine Jayot ; au Théâtre du Pays de Morlaix, Don Quichotte de
Miguel de Cervantes ; et au Centre Dramatique National Nancy Lorraine, Le
Diable de Marina Tsvétaïeva.
Zéno
Bianu - Ecrivain
Est né en 1950, à Paris. Du Manifeste électrique (Soleil
Noir) aux Poètes du Grand Jeu (Poésie/Gallimard), du Traité des Possibles
(Fata Morgana) à Infiniment proche (Gallimard), il compose une œuvre dense,
multiforme, forte d’une trentaine d’ouvrages, qui interroge la poésie, le
théâtre et l’Orient. Passionné par le lien poésie-théâtre, il a publié Poèmes
à dire (Poésie/Gallimard), une anthologie de la poésie francophone
contemporaine. Il a travaillé notamment avec Lluis Pasqual pour Le Chevalier
d’Olmedo, de Lope de Vega (Cour d’honneur, Avignon; Odéon; Actes Sud-Papiers,
1992) et « Le Livre de Spencer », d’après Marlowe (Odéon, 1994). On lui doit
également L’Idiot, dernière nuit (Odéon; Actes Sud-Papiers, 1999), dans une
mise en scène de Balazs Gera, un oratorio Orphée (Petit-Odéon) et Un Magicien, avec Robin Renucci, dans une mise en scène de Marc Feld (Festival d’Automne
; Actes Sud-Papiers, 2003). Il a en outre enregistré plusieurs CD dont Dans
le feu du bleu (Thélème), avec Denis Lavant. La chambre des vertiges, son oratorio dansé, a été présenté au Théâtre Molière - Maison de la Poésie en
novembre 2002.
Il se passionne pour la trajectoire incandescente de Marina
Tsvétaïeva, dont il a traduit Le Phénix (Petit-Odéon, 1996 ; Editions
Clémence Hiver, 2001) et préfacé le
Ciel brûle (Poésie/Gallimard).
FT
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