Nu-tête et c’est peu dire quand le ciel
comme un soc immense entre les toits
va creusant davantage encore
les épaules maigres du printemps
quand tout au-dedans même est plus nu
qu’une eau sur la pierre et les mots
sont une épée liquide, et ceux-là qui attendent
avec un crayon un calepin des yeux
que la mer ne remplirait pas
étayent encore le mur qu’il te faudra franchir
nu-tête avec le vent, contre le vent
comme une phrase en rade sur la page
et c’est d’elle pourtant qu’un corps sera tiré
profond, lointain comme une flûte :
ce poème à mi-voix de l’autre côté sombre
où depuis tant d’années tu marches sans savoir
la tête près du cœur
Guy Goffette, Éloge pour une cuisine de province,
suive de La vie promise, préface de jacques Borel, Poésie/Gallimard, n°
350, 2000, p. 157.
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Rédigé par : JC-Milan | jeudi 12 mai 2005 à 20h15