au Centre Dramatique de Tours
jeudi 26 mai 2005 à 19h
Antoine Emaz / Poésie, question ouverte
Antoine Emaz lira
des poèmes de son dernier recueil Os, tandis que l'équipe du Centre
Dramatique de Tours lira des extraits
de l’une des publications de l’auteur : Lichen, lichen.
Échange avec le public sur le chemin et la gestation du
poème, le temps de l'écriture, la poésie devant le monde.
Je redonne ci-dessous les deux notes de lecture que j’ai
rédigées à propos de ces deux livres d’Antoine Emaz
Tous renseignements : 02 47 64 50 50
Nouvel Olympia 7 rue de Lucé
37000 Tours
Né en 1955, enseignant dans un collège de la ZUP Sud d’Angers, Antoine Emaz est considéré à juste titre comme un des principaux poètes d’aujourd’hui. Une oeuvre tendue, aiguisée, qui est aussi réflexion sur la poésie elle-même, et son travail dans ou contre ou sur le monde. Dernier livre paru : Os, Tarabuste, 2004.
Deux lettres, trois lettres, quatre parfois, posées sur la
couverture blanche, presque énigmatiques dans leur nudité : tels sont souvent
les titres d’Antoine Emaz. Hier, ce furent C’est, Ras, K.-O, Soir, Sang ; aujourd’hui Os. Énigmatique lui aussi d’être
si nu sur cette couverture.
Ce dépouillement « jusqu’à l’os », on le retrouve à l’intérieur
du recueil, merveilleusement édité par Tarabuste. Les textes sont distribués en
séquences de quatre, cinq, six poèmes rassemblés sous la houlette d’un vocable,
de nouveau court et nu. Os, Calme, Ombre, Peur et enfin Vieux : mots tutélaires
pour des états récurrents, où la désolation la plus intense alterne avec des
répits.
Les textes eux-mêmes diffèrent par leurs formes. Se
succèdent ainsi de courts textes en vers irréguliers (ils sont majoritaires),
et des paragraphes, très brefs eux aussi, justifiés, comme blocs denses
Dans ces textes, pas d’adjectifs ou presque, peu d’articles
ou plus exactement de nombreux articles comme absents. Des petits tas de
mots, « grains de sable », édifices
dérisoires devant le vide, le temps, le non-sens de tout. Les quelques rares
adjectifs de couleur sont comme décolorés. Le blanc, le gris, le neutre
règnent, emblématiques d’une conscience poétique confrontée au vide, à
l’absence :
Le poète semble procéder par soustractions, parfois par
ajouts minuscules, comme s’il sculptait ce presque rien qu’il lui est parfois
donné d’entrevoir, souvent à la même heure, entre chien et loup
A coups d’enjambements, d’agrégats, d’éboulis. Comme une
sentinelle désolée au bord de la vie qui passe et part.
©Florence Trocmé
Voici aussi une courte note rédigée à l’occasion de la présentation de Lichen, lichen d'Antoine Emaz à la librairie Tschann en novembre 2003
Un livre, un poète, une artiste
Antoine Emaz montre dans Lichen, lichenun
aspect non connu jusqu’à présent de son travail, si l’on excepte certains
articles dans des revues : ses notes quotidiennes dont il présente une
sélection et ses réflexions sur la
poésie.
L’éditeur a suscité pour cet ouvrage une rencontre entre ces
proses brèves et les dessins d’Anna Mark, artiste d’origine hongroise. Elle
était présente et a pu expliquer le cheminement de son travail autour du texte
d’Antoine Emaz. Autour d’un point de rencontre entre tension et vide en
particulier. En des dessins très dépouillés, évoquant des petits rouleaux de
papier disséminés sur une table de travail ou bien encore séries de petits
points éparpillés.
©ftrocmé
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