La revue siècle 21 présentait hier soir dans le beau cadre
du Centre Culturel Calouste
Gulbenkian* à Paris, son sixième numéro consacré à un panorama de la
littérature portugaise contemporaine.
En effet cette revue qui se fixe comme objectif "d’aborder les grandes questions de société et les littératures mondiales à travers la vision des écrivains de tous les pays et de tous les temps" (édito du numéro 1) présente dans chacun de ses numéros un gros dossier de littérature étrangère. De préférence peu ou mal connue en France.
Ce qui n’est pas tout à fait le cas avec ce numéro 6 puisque la littérature portugaise contemporaine a une certaine audience ici mais, il est vrai, surtout du fait de quelques grandes figures comme le Prix Nobel (1998) José Saramago ou encore d’auteurs comme António Lobo Antunes ou Lídia Jorge. Mais ils masquent de nombreux autres auteurs de grand intérêt, dans un contexte où la littérature, prose et poétique, est très vivante.
La revue présente donc un substantiel dossier de 18 auteurs présenté par Marie-Hélène Piwnik pour la prose et par Nuno Júdice pour la poésie.
Après une courte introduction de Sophie Képès, chargée de la
coordination du numéro, c’est Marie-Hélène Piwnik qui hier soir a introduit le dossier (en l’absence de Nuno
Júdice), avant que des extraits en soient lus par certains des traducteurs
présents.
Dans son panorama, Marie-Hélène Piwnik a distingué plusieurs étapes dans la période représentée dans ce numéro et qui va des années 50 à celles de la fin du
siècle, avec la coupure radicale du 25 avril 1974. Il y a bien sûr l’avant et
l’après Révolution des Œillets, avec dans les années 50 et 60 une lutte
clandestine dans une littérature caviardée par la censure, puis
une période correspondant à la fin de règne de Salazar et enfin la grande
libération d’après 74 anticipée en quelque sorte par les fameuses Nouvelles
lettres portugaises, éditées en 1972 par les trois Maria (M. Teresa Horta,
M. Isabel Barreno et M. Velho da Costa), violente provocation du régime par le
côté sensuel et érotique du texte. Puis la révolution fait exploser la création
littéraire et le phénomène est au demeurant bien perçu en Europe et en
particulier en France qui organise en 1988 des Belles Etrangères consacrées à
la littérature portugaise et qui multiplie les traductions.
Dans le domaine de la poésie, ce sont quatre générations qui
sont représentées dans la revue des années 60 aux années 90. Avec à partir des
années 60, une rupture par rapport à une poésie antérieure très engagée et cela
autour de deux grands courants, l’un incarné par un Gastão Cruz avec une
tendance lyrique et élégiaque et l’autre par une femme comme Ana Hatherly
d’abord très marquée par l’avant-garde brésilienne puis jouant plus librement
sur la forme et le sens. Et plus tard, un retour vers une attention au monde du
quotidien.
Dans la revue, les deux introductions signées Marie Hélène Piwnik et Nuno Júdice savent allier une certaine brièveté à un véritable esprit de synthèse et introduisent magnifiquement à une belle sélection de textes de prose et de poésie où l’on retrouve les noms de Agustina Bessa-Luis, Helder Macedo, Mário de Carvalho, Lídia Jorge, Fernando Pinto do Amaral, parmi beaucoup d’autres.
Mais Siècle 21 comporte aussi deux dossiers thématiques,
l’un Marges et Lisières, autrement dit tout ce qui est limites - intérieure ou
extérieure -, frontière - franchie ou infranchissable - marginalité,
"border-line" avec des textes de Claude Duneton et Amina Saïd entre
autres, et l’autre Sur le ring, autour du thème de la boxe, avec des écrits de
Dickens, Thom Jones, Abdelkader Djemaï, etc.
Lire une présentation plus approfondie de la revue Siècle
©florence trocmé
Fondation Gulbenkian.
Photos de haut en bas : 1. Le numéro 6 de Siècle 21, Sophie Képès, Marie-HélènePiwnik, Pierre Léglise-Costa, Marie-Hélène Piwnik et Joao Pedro Garcia, directeur du service international de la Fondation Gulbenkian.
(toutes les photos peuvent être agrandies par simple clic)