Double Change est décidément très actif en ce moment. Après la belle rencontre de mercredi soir au bord du canal Saint Martin, c’est à l’Université de paris XII à Créteil qu’étaient conviés les auditeurs pour une conférence-lecture de la poète américaine Cole Swensen.
Cole Swensen enseigne la poésie et l’écriture à l’université
de Iowa et elle est également traductrice de poètes français tels Pierre
Alferi, Olivier Cadiot ou encore Jean Tortel. Parmi ses livres de
poésie, nombreux sont ceux qui témoignent de son intérêt pour l’art occidental,
la langue et la culture française et la traduction. Et il est vrai qu’il était
presque étrange d’entendre résonner au cœur de la langue américaine les noms de
Vaux-le-Vicomte, Le Nôtre, Paolo Uccello, Fouquet, etc.
Son travail est en effet très axé sur les rapports entre
arts visuels et poésie, en une exploration de la limite « poreuse »
entre le texte et l’image, le texte et la peinture ; cest aussi une réflexion approfondie sur
tout ce qui a trait à la description de l’image (ekphrasis). Quant au
questionnement sur le français, il est présent à l’intérieur même de son texte,
par le biais des noms propres mais pas uniquement.
La conférence était aussi
une lecture autour d’un très beau dispositif qui fut sans doute le moment le
plus émouvant de la soirée (pour la non bilingue que je suis et qui n’a pu
profiter de toutes les subtilités de la prestation de Cole Swensen) :
projection via un rétro projecteur de son texte en anglais sur écran, tandis
qu’elle en lisait, de sa très belle voix, un peu voilée, un peu nostalgique,
une auto-traduction en français, avec un soupçon d’accent donnant un charme
étrange à ces noms de l’histoire de France. Comme une plongée dans le temps….
Ce dispositif m’a semblé en outre très représentatif du travail de Double Change qui veut aller au-delà d’un simple échange de traductions, mais plutôt de fondre les pratiques poétiques des deux continents "au milieu de l’Atlantique" comme le disait si bien Sarah Riggs dans la présentation d’ Hocquard et de Norma Cole deux soirs auparavant….
La conférence de Cole Swensen a été introduite brillamment
par un des membres actifs de l’association Double Change Vincent Broqua.
On est reparti de là, traversant les jardins de l’université, la tête remplie de gardens, de windows, de mirrors, bourdonnant de questions autour de la mise en page de la poésie, autour de la perspective, etc. Question de "perspective", il semble que ce pourrait être une belle manière de caractériser le très beau travail de Cole Swensen et celui de Double Change…..
Pour les lecteurs de l’anglais, je propose au demeurant de retrouver tous ces thèmes dans Un très passionnant entretien avec Cole Swensen (en anglais)
©florence Trocmé
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