Je publie aujourd'hui quelques extraits d'un très beau texte "Buée" que Jean Gabriel Cosculluela a écrit, comme une reconnaissance à son ami écrivain, Thierry Metz. "Chez Thierry Metz, il y avait, il y a, l'extrême dans la simplicité. Chez lui le mot reste toujours à hauteur des visages qu'il regarde et avec lesquels il dialogue en sachant les silences, en sachant que derrière les visages se tiennent aussi les lointains, l'inconnu." nous dit Jean Gabriel Cosculluela".
La bouche des morts
n’est pas morte avec eux
Bernard Noël
Plonge
les objets dans la lumière
tu les plongeras dans l’infini
Leonardo da Vinci
A terre
le passeur s’esseule
en creusant les mots
dans la dernière compagnie
de ses mains
à la source de la prière
là
les morts donnent aux morts
l’absence vive des mots
Dans ses mains, il y a un creux
la disparition du paysage
à terre la trace nue de la mort
la buée des mots contre le froid
la voix basse de la buée
le feu
où le passeur s’esseule
vers le mot terre
Je regarde ses mains
épelant les lettres de terre
dans sa fatigue
dans son silence
Vers le mot terre
peu de mots restent
creuser les mots
froid, soif, feu
sol
d’un silence
près des mains
reste l’écriture penchée du corps
qui affouille le silence
Jean Gabriel Cosculluela , Buée, avec des encres originales de Joël Frémiot, éd. Jacques Brémond, 2003. (Ce livre a été écrit par l'auteur en 1997 à l'annonce de la mort de son ami Thierry Metz).
Des extraits ont paru dans les revues La Termitière n°6 (Printemps 1999), Scherzo n°10 (Hiver 2000), Contrepoints n° 6 (Hiver 2001) et dans le livre Dans les bruits du monde aux éditions Le Hêtre Pourpre (automne 2000), puis aux éditions L’Amourier (2001), sur le site www.remue.net (en 2002, grâce à François Bon).
voir la fiche bio-bibiographique de Jean-Gabriel Cosculluela
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