Belle fin de saison pour Les parvis poétiques – Marc Delouze qui coup sur coup ont convoqué deux poètes qui ne peuvent laisser indifférent, à l’œuvre forte, marquante, singulière. Après Bernard Chambaz, c’était hier le tour de Patrick Laupin.
En première partie, selon l’excellente formule imaginée par
Marc Delouze, une poète venue du Québec, Danielle Fournier, présentait son
dernier livre Il n’y a rien d’intact dans ma chair (Éditions l’Hexagone). Un
livre qui questionne douloureusement l’identité « je vis
fragmentée », la douleur et la solitude « je reste aujourd’hui volets
clos » ou « cette absence d’être qui est la mienne ». Un livre
dont Poezibao donnera certainement des extraits car c’est une voix que j’ai
aimée et que j’ai envie de faire connaître.
Figure impressionnante aussi que celle de Patrick Laupin,
tant chez lui toute concession à la facilité, à la société semble absente, tant
l’œuvre semble creuser profond, à même les blessures de l’être et
singulièrement de l’être dans la société, celui qui travaille (très beau poème
en fin de séance sur les cheminots aperçus au bord de la voie autour d’un
brasero du temps où Patrick Laupin conduisait des trains). Patrick Laupin qui a
travaillé des années comme instituteur d’enfants en difficulté avec lesquels il a réalisé un livre très
étonnant, Le Courage des oiseaux, mais Patrick Laupin qui à l’instar d’ailleurs
de Danielle Fournier, ne distingue pas poésie et essai, ne distingue pas
strictement poésie et philosophie, qui se réclame aussi bien de Virginia Woolf
ou de Dickinson que de Platon ou de Hegel. Dans une courte présentation de son
travail, il parle des enfants qui se réfugient dans le mutisme dont il tente de
les aider à sortir expliquant qu’il fait ça par ce que "c’est qu’il lui fait le moins peur",
qu’il veut essayer d’écrire un minimum de choses « qui nous protège de
l’abîme ». Patrick Laupin qui, cela pourrait sembler un paradoxe, a aussi
écrit un livre sur Mallarmé à côté d’un livre sur les mineurs de fond des
Cévennes : « à travers toute parole littéraire ou pas qui depuis la
solitude vraie dans l’attente de l’autre s’adresse à l’humanité souveraine,
existe une solidarité d’exil qui ne rassure pas, ne console pas, mais permet de
se trouver et de créer, de répondre, de prendre chacun à son tour sa place dans
la filiation de l’espèce humaine. C’est sans doute une utopie mais elle fait
partie de ma
vie, de même que je crois dans ce monde techniciste et
d’illusionnistes gestionnaires qui feignent d’ignorer la folie de leur calcul
que la chance de moindre mensonge en toute écriture, de toute pratique humaine
qui prend le risque de s’exposer à sa propre parole, tient à ce qu’elle dit ou
pas de l’aliénation ». (in Le Courage des Oiseaux, Comp’Act 2004, p. 21.
©florence Trocmé
Une
courte fiche sur Patrick Laupin sur le site du centre international de
poésie de Marseille et surtout un très beau dossier sur remue.net
Une courte fiche sur
Danielle Fournier
A signaler enfin, que comme très souvent aux Parvis Poétiques, un musicien accompagnait la lecture des poètes, avec en ce dimanche 12 juin 2005, de belles interventions musicales d'Olivier Sailhan
photos, de haut en bas, Danielle Fournier, Patrick Laupin, Danielle Fournier avec Patrick Laupin et Marc Delouze, et en bas, le guitariste Olivier Sailhan
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