Quelques Scholies
Non l’effusion, mais la tension. Non pas l’expression
personnelle, mais l’adresse à autrui. La découverte en soi du commun des
mortels.
Le lyrisme est tendu vers l’autre, aussi bien que tendu par l’autre. Que pouvons-nous partager
de plus intense avec nos semblables que la commune ignorance du pourquoi de notre existence ?
(p. 357)
L’infini, en nous, n’est-ce pas la langue, en ses
combinatoires et ses virtualités, telle qu’à travers elle nous nous tenons face
au fini et y décelons de l’infini : un en-deçà, un au-delà, un avers, une
opacité et un inconnaissable. A la fois réponse infinie de la langue au réel infini
et sollicitation par la langue même de cette infinité.
(p. 359)
Écrire : une restriction
génératrice d’immensité. Ici et là, quelques rétentions de ciel bleu. Le poème
est une voie rapide. « Il n’est pas souhaitable d’y faire figurer ce que
le lecteur peut déduire. » Suggestive, cette entrouverture vous laissera
perplexe. Voilà ce qui s’appelle le Rêve : un peu de peau dans
l’échancrure. Il n’est rien de plus lointain ni de plus étrange, en vérité, que
ce fragment de chair. L’endroit visible de votre vie, de votre mort prochaine.
D’un blanc presque bleu : au-dedans bat la veine d’enfance. D’une secrète
éloquence.
(p. 365)
Jean-Michel Maulpoix, Le
poète perplexe, José Corti, 2002.
voir la fiche bio-bibliographique de Jean-Michel Maulpoix
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