Ex-libris
Cela se tait si fort qu’on s’arrête :
quelques grains de tabac, la fleur noircie
d’un pavot et, parmi les cernes de café,
des larmes. Derrière la vitre des mots,
un homme s’est assis qui n’en peut plus
ayant brûlé ses yeux, son nom, perdu
tous ses biens. Peu lui importe
qu’un fleuve continue entre les marges
du livre, s’il est plus seul qu’un fétu
rejeté sur le bord, à la merci du vent,
quand vivre, c’est encore et encore
mourir à tout ce qui refuse
l’exil, la nudité, la nuit.
Guy Goffette, Éloge pour une cuisine de province, suivi de La vie promise, Poésie/Gallimard, 200, p. 195.
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