On le prend sur le fait, le changement ruisselant des
humeurs.
Tout à coup, la joie est là, révélée, avant qu’on ne l’ait
sentie. Il ne faut plus que la reconnaître. Mais quelques minutes plus tard,
sans se briser, elle ralentit, s’immobilise en quelque embrouillamini, où elle
trouve une attache forte et dont elle ne peut se défaire, rôdant autour sans
profit.
[...]
Lentement, une mélancolie, traversant une mélancolie,
rencontre plus loin une mélancolie qui se fond et se rallonge en une nouvelle
mélancolie. Les chars sont embourbés. Tout afflige. Tout
« repousse ». Mélancolie ne désemplit plus.
Henri Michaux, Passages, (1937-1963), nouvelle édition revue et augmentée, Gallimard, 1950, 1963, p. 126.
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