Pour célébrer la parution chez Denoël de Poésies complètes de Malcolm Lowry,
traduit de l’anglais par Jacques Darras (mais le livre n’est hélas pas en
version bilingue). Si quelque lecteur anglophone dispose de la version
originale et peut me l’envoyer, j’en serais très heureuse.
SONNET
Cette ruine à présent où la lune marche seule
Éclairant l’araignée en sa toile et la rose
J’y fus auparavant, j’aimai chaque pierre sombre ;
S’il y en eut aucune, des ombres je fus l’une.
L'oreille comme à une conque, ce jour-là, je perçus
Dans l’invisible tout massivement délettré,
Un mot unique et vrai mais non d’éternité,
Arraché aux étranges mutations de l’âme ;
Cette ruine, soit masure soit palais, apaisera
A la fin ce qui fut dévasté ; conduis-y
Le futur famélique et le passé sanglant
Dans sa nuit. Seule la lune fera assaut des marches
A l’escalier en ruine vers ce qui eût pu être
pour, un temps, s’y asseoir, pauvre reine aveuglée.
Malcolm Lowry, Poésies complètes, traduit de l’anglais par Jacques Darras, Denoël, 2005, p. 245.
Ce poème est extrait des poèmes de jeunesse ou Juvenilia. 1925-1933. Jacques Darras le traducteur explique dans ses "notes sur le texte" qu’il a « choisi de suivre l’excellente édition des Poèmes complets de Malcolm Lowry (The Collected Poetry of Malcolm Lowry) établie par la chercheuse universitaire canadienne Kathleen Scherf et publiés par l’Université de British Columbia à Vancouver en 1992. Dans cette section, le sonnet ci-dessus commence au vers 241.
Voir la fiche bio-bibliographique de Malcolm Lowry
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