On apprend la mort le 5
juillet du Prix Nobel de Littérature Claude Simon
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« Rien ne différait
plus du Midi méditerranéen, desséché, venté et poussiéreux, avec ses monotones
étendues de vignes, ses routes bordées de platanes, son ciel trop bleu, où je
vivais enfant, que ce Jura pour lequel, l’été, je partais avec ma mère presque
aussitôt la fin des classes. Le hameau aux longs toits mauves comme rabattus
sur les yeux des maisons au fond de la vallée encaissée dominée par des
falaises rocheuses elles-mêmes couronnées de chevelure d’arbres, de buissons.
Les pentes abruptes, boisées, hantées par des animaux dont on m’effrayait,
fabuleux dans mon imagination d’enfant (sangliers, lynx, renards) [...] Noms de
lieux : Fontaine aux oiseaux, Chemin des bêtes, Tour aux vipères. Rivière
qui serpentait entre les prés, sous les branches basses, scintillant sur des
lits de cailloux, encore glacée au sortir de la source à pleine plus haut.
Bruit continu des fontaines. Cascades. Pont de pierre. Truites grises ondulant
sur les fonds de tuf ou de cailloux ocres. Champs, ombelles, menthes,
cressonnières et le parfum des champignons cherchés dans les sous-bois humides
routes encore blanches au milieu de tout ce vert, bordées de buissons de mûres
qui laissaient aux doigts des traces d’un noir violacé. Truites encore dans les
endroits où la rivière ralentissait son cours, dormante, l’eau comme épaissie
d’un vert alors dense où les rayons du soleil…….. »
Claude Simon, Le Jardin
des plantes, Les Éditions de Minuit, 1997, p. 72 et 73.
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