VOIX
La porte que si longtemps personne n'avait ouverte
a soupiré doucement Il y a dans la pièce
une odeur de temps d'oubli oublieux
Il faut bouger faire grincer le plancher sous les pas
faire du bruit ouvrir les fenêtres
toucher les choses qui sont là
On a besoin d'un peu de vie de confusion de
brouhaha
sinon dans le vide
et le calme
dans la poussière des années
on pourrait entendre distinctement une voix très ancienne
dont on croyait avoir perdu le son
une voix égarée et pourtant restée là
prise dans l'absence et dans l'oubli
la voix de ce mort qu'on aima
parlant tout seul au bord du temps
au bord des larmes
Claude Roy, extrait de Le noir de l'aube, Gallimard, 1990, cité dans le numéro 545 de la Nouvelle Revue Française de juin 1998 (numéro consacré à Claude Roy), p. 49.
Rédigé par : JC-Milan | samedi 27 août 2005 à 16h52