Un texte impressionnant de Marianne Cohn qui a été porté à ma connaissance par Marilyn
Hacker. Un poème de la résistante juive, pour célébrer un tout petit peu en
retard le 25 août qui est à la fois l’anniversaire de la Libération de Paris
mais aussi celui du martyr, en 1944, du village de Maillé.
Ce poème a
été lu à Paris, le 25 Août, à l’occasion de la célébration de l’anniversaire de
la Libération de Paris.
Je
trahirai demain, pas aujourd'hui
Aujourd'hui,
arrachez-moi les ongles
Je ne
trahirai pas !
Vous ne
savez pas le bout de mon courage.
moi, je
sais.
Vous êtes
cinq mains dures avec des bagues.
Vous avez
aux pieds des chaussures avec des clous.
Je
trahirai demain. Pas aujourd'hui,
Demain.
Il me faut
la nuit pour me résoudre.
Il ne me
faut pas moins d'une nuit
Pour
renier, pour abjurer, pour trahir.
Pour
renier mes amis,
Pour
abjurer le pain et le vin,
Pour
trahir la vie,
pour
mourir.
Je
trahirai demain. pas aujourd'hui.
La lime
est sous le carreau,
La lime
n'est pas pour le bourreau,
La lime
n'est pas pour le barreau,
Le lime
est pour mon poignet.
Aujourd'hui,
je n'ai rien à dire.
Je
trahirai demain
Marianne Cohn
D'origine
allemande, Marianne Cohn est née en
1922 à Mannheim. Elle était membre de la Résistance Juive, elle sauva des
enfants par des placements dans des familles françaises ou par le passage vers
la Suisse. Elle était membre des Eclaireurs Israélites de France (EIF).
La Gestapo
de Lyon l'arrête, en mai 1944, près de la frontière suisse alors qu'elle
tentait de faire de faire passer 28 enfants. Ces enfants là seront sauvés.
Dans sa
prison, elle écrit ce poème.
Marianne
Cohn a été longuement torturée. Elle est morte assassinée par les nazis, le 8
août 1944, à l'âge de 22 ans et son corps jeté dans la fosse commune, à
Ville-la-Grand, dans l'Isère.
lire cette
note biographique et ce poème sur ce site
une page sur
Marianne Cohn
A propos du 25 Août :
le martyr du village de
Maillé
et l’anniversaire
de la Libération de Paris
Rédigé par : Isabelle | dimanche 28 août 2005 à 11h50